(Agence Ecofin) - La fermeture des mines est un « enjeu écologique majeur », rappelait récemment Me Charles Bourgeois, avocat spécialiste du droit minier. Ce processus peut néanmoins prendre aussi une tournure sociale quand il touche au bien-être des communautés proches des mines, entrainant parfois des conflits.
La communauté Attawapiskat des Cri, l’une des Premières Nations résidant dans la province canadienne de l’Ontario, a indiqué le 6 avril son opposition au processus de fermeture initié par De Beers pour sa mine de diamants Victor. Ils disent craindre que l’enfouissement des déchets issus de la démolition de la mine affecte l’intégrité de sites culturels millénaires.
Le lieu choisi par De Beers pour construire sa décharge serait en effet situé dans des zones humides qui, selon la communauté, ont une importance cruciale tant du point de vue de la subsistance qu’au niveau spirituel et culturel. Le peuple cri Attawapiskat appelle donc Anglo American, la maison-mère du géant du diamant, mais aussi le gouvernement du Botswana qui détient 15 % d’intérêts dans De Beers, à empêcher la création de cette décharge « géante ».
« Nous ne voulons pas d’une autre catastrophe de Juukan Gorge [en référence à la destruction d’un ancien site de peuplement aborigène par Rio Tinto en Australie l’année dernière, Ndlr] sur notre territoire traditionnel », a déclaré Jack Linklater, un porte-parole des autochtones relayé par Reuters.
Notons qu’en demandant une autorisation pour enfouir un maximum de 97 000 m3 de déchets, De Beers s’est mis en dessous du seuil légal (100 000 m3) déclenchant automatiquement une évaluation environnementale. Si la pression des autochtones n’empêche pas l’obtention des documents administratifs ou n’oblige pas De Beers à renoncer à son projet, on pourrait donc assister à un bras de fer autour de la fermeture de cette mine.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que les intérêts des deux parties entrent en collision, car De Beers avait déjà abandonné un projet d’agrandissement de Victor en 2017, faute de soutien des autochtones. La compagnie a donc arrêté les opérations en 2019, près de 15 ans après le début de la production en 2005.
Emiliano Tossou
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