(Agence Ecofin) - Ces dernières semaines, la situation politique éthiopienne a attiré aux autorités du pays de vives critiques notamment de la part des médias internationaux. Face à cette situation, les autorités éthiopiennes se montrent de plus en plus méfiantes vis-à-vis des médias étrangers.
Ce samedi 05 février, en s'adressant aux dirigeants des pays africains réunis à Addis-Abeba pour le 35e sommet des chefs d'État, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a suggéré la création d'un organe de presse continental de l'Union africaine (UA). Selon lui, une telle initiative permettrait de lutter contre la désinformation, mais surtout de fournir une vision moins négative du continent.
« L'Afrique est souvent décrite de manière négative dans les médias internationaux. L'éternelle représentation d'un continent troublé par les guerres civiles, la faim, la corruption, l'avidité, la maladie et la pauvreté est avilissante et déshumanisante et probablement motivée par une stratégie et un agenda, calculés. Les représentations stéréotypées et négatives de l'Afrique dans les médias non seulement désinforment le reste du monde sur notre continent, mais elles façonnent également la manière dont nous nous percevons en tant qu'Africains. Raconter nos propres histoires et façonner nos propres récits doivent être notre priorité absolue », a expliqué Abiy Ahmed.
L’Ethiopie, où l’administration centrale est opposée depuis plusieurs semaines à la région tigréenne dans un conflit armé, a été vivement critiquée pour le bellicisme de ses autorités dans les médias internationaux. Depuis, le gouvernement éthiopien a interdit la couverture médiatique des opérations militaires. Malgré cette mesure, la tension avec les médias, notamment internationaux, a augmenté. En novembre dernier, les autorités éthiopiennes ont envoyé une lettre d’avertissement à Reuters, British Broadcasting Corporation (BBC), Cable News Network (CNN) et Associated Press pour avoir « diffusé des informations qui ont semé l’animosité entre les gens et compromis la souveraineté du pays ».
Même si la situation est inspirée par des problèmes locaux, la proposition du Premier ministre éthiopien est légitime. En effet, plusieurs gouvernements africains se plaignent de la façon dont leur pays est couvert par les médias étrangers, notamment occidentaux. D’un point de vue plus général, plusieurs voix s’élèvent depuis des années pour dénoncer le biais misérabiliste, marqué par la maladie, la pauvreté et la guerre, utilisé pour présenter le continent africain dans les médias. Pour plusieurs organisations, dont l’ONG Africa No Filter qui se prononce beaucoup sur cette question, il est important que les histoires africaines soient racontées par des médias du continent.
Pour le moment, l’Union Africaine ne s’est pas prononcée sur cette suggestion.
Servan Ahougnon
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