(Agence Ecofin) - La situation des médias et des journalistes en Ethiopie inquiète de plus en plus la communauté internationale. Si l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en 2019 avait été perçue comme une lueur d’espoir à ce propos, le pays semble finalement être rattrapé par ses anciens démons.
Mohammed Edris Mohammed (photo), directeur général de l’Autorité des médias de la République fédérale d’Ethiopie, a envoyé vendredi 19 novembre une lettre d’avertissement à Reuters, British Broadcasting Corporation (BBC), Cable News Network (CNN) et Associated Press pour avoir « diffusé des informations qui ont semé l’animosité entre les gens et compromis la souveraineté du pays ».
Selon M. Mohammed, ces médias ont constamment fait des reportages en faveur du groupe qui propage la violence dans le pays. Il ajoute qu’ils ont aussi présenté l’opération de maintien de l’ordre comme une campagne génocidaire, sapant ainsi les efforts du gouvernement pour faire face à la crise humanitaire dans la région du Tigré.
« Malheureusement, l’Autorité constate que les médias susmentionnés ont continué à produire et à diffuser des analyses avec des fake news sur l’Ethiopie afin de soutenir les objectifs du TPLF [Front de libération du peuple du Tigré, Ndlr] », peut-on lire dans la lettre adressée aux médias.
En outre, les médias en question auraient rapporté que les autorités éthiopiennes utilisent la famine et le viol comme arme de guerre dans la région du Tigré, tout en faisant des reportages diffamatoires sur le gouvernement. Leur objectif est, selon l’autorité de régulation, de discréditer le leader du pays sur la scène internationale et de soumettre le pays à une pression diplomatique intense.
L’Autorité des médias a prévenu chacun des quatre médias internationaux qu’elle pourrait être prochainement contrainte de révoquer leur licence, « en l’absence d’une activité journalistique éthique et professionnelle ».
Rappelons que depuis le début du conflit dans la région du Tigré, de nombreux médias se sont plaints des « obstacles » mis en place par le pouvoir central pour les empêcher de couvrir les affrontements ainsi que leurs conséquences. Muthoki Mumo, représentante pour l’Afrique subsaharienne du Comité pour la protection des journalistes, avait même qualifié la situation de « fortement décevante, compte tenu de l’espoir et de l’optimisme suscités au début de 2018 par Abiy Ahmed lorsqu’il est devenu Premier ministre ».
Isaac K. Kassouwi (stagiaire)
Genève, Suisse et online