(Agence Ecofin) - Le contenu audiovisuel africain a le vent en poupe. Très demandé à l’extérieur du continent, il l’est également sur le continent où le public commence notamment à payer, via différentes plateformes, pour les films et séries de Nollywood, par exemple.
Les Africains regardent désormais plus de films produits sur le continent que de productions internationales. C’est ce que conclut le rapport « Africa’s Soft Power » publié il y a quelques heures par l’ONG Africa No Filter. Basé sur un sondage de 4500 personnes ayant entre 18 et 35 ans et résidant dans 9 pays africains, l’étude a essayé de recenser les préférences de l’audience continentale
« La plupart des personnes interrogées ont regardé des films chaque semaine, qu'il s'agisse de films locaux/africains (67 %) ou de films américains/internationaux (66 %). Parmi les répondants qui ont regardé entre un et sept films, un peu plus de répondants ont regardé des films locaux ou africains (57%) que des films internationaux ou américains (53%) », indique le rapport.
L’étude indique également que la tendance à se tourner vers les films locaux est légèrement plus élevée en Afrique de l’Ouest. « Au niveau régional, les Nord-Africains sont les moins susceptibles d'avoir regardé un film (45%), mais ils sont aussi nombreux à avoir regardé des films locaux/africains et américains/internationaux (51%). Les Ouest-Africains étaient légèrement plus susceptibles d'avoir regardé des films locaux/africains (70%) que des films internationaux (67%). Les films internationaux ont reçu une audience marginalement plus importante en Afrique de l'Est (78%) et en Afrique australe (73%) par rapport aux films locaux/africains », informe Africa No Filter.
L’attrait des films africains sur le continent est une tendance qui devrait réjouir les maisons de production du continent. Même si les réseaux de distribution restent un problème, ce rapport montre que, comme le souhaitent de nombreux producteurs, un marché de contenu intra africain prenne forme. Cela annoncerait de beaux jours pour le cinéma continental, surtout lorsqu’on prend en compte les estimations qui annoncent qu’en 2050 l’Afrique sera le continent le plus peuplé de la planète.
Aussi, l’augmentation de l’intérêt pour les films africains prouve une augmentation de la professionnalisation du secteur ces dernières années. « Dans tous les pays africains où j’ai travaillé, jamais une production locale de bonne qualité n’est battue par un programme étranger », nous avait expliqué Bernard Azria, fondateur du distributeur Côte Ouest Audiovisuel.
Malgré tout, certains aspects de l’étude doivent être nuancés. Concernant l’Afrique de l’Ouest, par exemple, le rapport d’Africa No Filter prend en compte trois pays de la région. Parmi eux, on retrouve le Nigeria et la Côte d’Ivoire, deux des marchés les plus importants du cinéma de la région, mais également deux de ses plus grands producteurs. Il est naturel dans ces deux pays, qui produisent beaucoup de films locaux, que la population y accède plus facilement et donc en regarde davantage.
Servan Ahougnon
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