(Agence Ecofin) - En Ethiopie, le déplacement des zones de production caféière vers les régions de hautes altitudes (plus de 2 000 mètres) sera l’une des clés pour la résilience du secteur face au changement climatique, d’ici la fin du siècle. C’est ce qu’a indiqué Aaron Davis, chercheur en chef des Jardins botaniques royaux de Kew, au Sud-Ouest de Londres, lors d’une interview par mail accordée à l’Agence Ecofin.
En effet, pour le pays qui a déjà connu une hausse de température de l’ordre de 1,3°C entre 1960 et 2006, cette stratégie est d’autant plus nécessaire que d’une part, la culture du café joue un rôle prépondérant dans son économie. Le secteur fournit environ ¼ des revenus d’exportation et fait vivre 15 millions de personnes d’une manière directe et indirecte.
D’autre part, la variabilité climatique devrait rendre 39 à 59% des zones actuelles de production -situées majoritairement au sud, au nord, à Harar et dans le Rift- défavorables à la culture de la fève en l’absence d’une intervention significative.
« Il y a beaucoup de zones de hautes altitudes favorables à la culture en Ethiopie. Celles-ci pourraient permettre d’accroître la production de 400 % même dans le contexte de changement climatique.», explique le chercheur.
« La migration vers ces régions se réalise déjà d’une manière très dynamique. Certains agriculteurs qui ne seront plus en mesure de produire du café devront adapter leurs exploitations aux conditions qui y règnent. », ajoute-t-il.
S’il admet que les effets d’une telle migration sur la qualité et le rendement de l’arabica, unique variété cultivée par l’Ethiopie, sont encore inconnus, l’expert estime cependant qu’une bonne sélection des zones de production serait bénéfique pour la productivité et la qualité de la fève.
Parallèlement à la migration vers les zones de hautes altitudes, l’expert souligne qu’un autre moyen de résilience pourrait être l’adoption de meilleures pratiques culturales dont le paillage et le terrassement du sol.
« En Ethiopie, les procédés inefficaces de production du café ont un impact direct sur la qualité des fèves hormis les fortes températures.», indique M. Davis.
A la question de savoir si l’Ethiopie pourrait s’orienter vers la culture du robusta, l’arabica étant considéré comme plus sensible aux variations de température, M. Davis déclare: « C’est une possibilité. Il y au moins une plantation qui cultive déjà du robusta en Ethiopie en raison des difficultés avec l’arabica. Même si le robusta est globalement plus productif que l’arabica, il serait imprudent de lancer un programme de production de cette variété dans la mesure où nous n’avons pas assez informations agronomiques sur elle. Il faudrait au préalable s’assurer que les arbustes puissent croître et donner les fruits sous le climat éthiopien dans la mesure où la production est essentiellement tributaire des précipitations».
Espoir Olodo
Meknès, Maroc.