(Agence Ecofin) - La bourse unifiée de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) doit désormais affronter le défi de son positionnement face à la concurrence, maintenant qu'elle est complètement lancée. Quelques mois après son démarrage, on a senti peu de dynamisme autour de l'institution financière.
Intervenant dans une conférence de presse, le 29 octobre 2019, son premier directeur général, Jean Claude Ngbwa, a présenté ce qui est donné comme étant le bilan des activités depuis son officialisation.
Entre le 5 juillet et le 21 octobre 2019, 6 893 actions et 936 645 titres de créances avaient été échangés. On a dénombré selon le responsable 48 séances de cotations réalisées, pour 68 transactions effectuées, dont 54 sur le marché des actions et 14 sur celui des obligations. La totalité des valeurs inscrites à la cote est de 17, soit 4 actions et 13 obligations.
On est loin de ce qu'on peut attendre d'un marché financier moteur du financement de l'économie ; ce qui est l'objectif assigné à la BVMAC. A titre de comparaison, le Malawi Stock Exchange qui est l'une des plus petites bourses d'Afrique a connu un échange d'un peu plus de 5 millions de titres, rien que la journée du 25 novembre 2019.
Les raisons de ce démarrage poussif sont multiples, selon Roger Owono Mba, ministre gabonais de l’Economie et des Finances. « On a la culture de nos agents économiques qui peinent encore à voir dans la bourse, un moyen de financer les activités. Aujourd’hui, on pense d’abord à la banque pour avoir son financement. Il faudra donc sensibiliser les gens sur le rôle fondamental de la Bourse comme plateforme de financement », a-t-il fait savoir, ajoutant que la nouvelle société de marché est jeune, quoique bénéficiant des années d'expérience de ses prédécesseurs.
Mais au-delà de l'engouement populaire, c'est sur la fiabilité même de la CEMAC comme place financière qu'il faudra travailler. Aujourd'hui encore, la BEAC assure la gestion provisoire de dépositaire des titres du marché financier de la CEMAC. La situation du Dépositaire central de l'ex-BVMAC n'est pas très claire, tandis que la Caisse Autonome d'Amortissement qui assumait ce rôle pour le Cameroun ne dispose pas forcément de la technologie et des processus optimaux, selon des personnes proches du secteur.
L'autre défi de la BVMAC sera de travailler à son développement, dans un contexte de rude concurrence des places financières africaines. Pour tirer un meilleur avantage des investisseurs locaux et internationaux, les marchés financiers de l'UEMOA, du Ghana, du Nigeria et de Casablanca (Maroc), ont décidé d'unir leurs forces et de mettre en place une structure commune.
Dans ces conditions, la BVMAC devra être compétitive et l'épargne des résidents de la CEMAC ne peut suffire seule à la développer. Dans les coulisses, on apprend que l'institution aurait recruté un responsable du développement du marché. Mais des sources internes ont commenté que la personne sur laquelle a porté le choix de la BVMAC ne possède pas le profil indiqué pour les batailles de positionnement en perspective.
Idriss Linge
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