(Agence Ecofin) - L'élection présidentielle prévue au Ghana en 2020 constitue un frein supplémentaire aux performances déjà pas très bonnes du Ghana Stock Exchange, le marché financier local basé à Accra, la capitale du pays. Le Ghana Stock Exchange Composite Index, le principal indice de cette place boursière, affiche déjà un rendement négatif (pris en dollar US) de +24,5% depuis le début de l'année 2019.
C'est la troisième plus mauvaise performance d'indice boursier au monde. Les investisseurs ne craignent pas ici un risque de débordement suite aux résultats du scrutin.
Le Ghana est l'un des rares pays d'Afrique subsaharienne à avoir connu près de 7 élections présidentielles à l'issue plutôt pacifique. Les inquiétudes viennent surtout du surplus de dépenses publiques à la veille de ces élections, qui ont souvent pour corolaire une hausse du niveau des prix et une dévaluation de la monnaie, du fait de la pression sur les réserves de change.
Dans le sillage de la précédente élection présidentielle de 2016, le déficit budgétaire avait atteint 8,7% du produit intérieur brut contre un objectif de 5,3%, l’inflation a clôturé l’année à 15,4%, tandis que le cedi a fléchi de 10%. Le souvenir de cette affaire reste dans l’esprit des investisseurs surtout étrangers, qui représentent généralement les trois quarts des transactions sur le Ghana Stock Exchange.
Le même constat semble se faire cette fois encore. Alors que les niveaux de valorisation sont assez bas sur ce marché financier, et donc présentent un potentiel de hausse pour les actions, les investisseurs n'affluent pas. La valeur des actions négociées sur la Bourse du Ghana, entre janvier et août 2019, a été de 142 millions de cedis (26 millions de dollars) contre 485 millions de cedis un an auparavant, selon des données publiées par le dépositaire central du pays. Les investisseurs étrangers étaient responsables de 74% d’actions vendues et de 61% de celles achetées.
En dehors des élections, d'autres facteurs constituent un risque pour la performance du Ghana Stock Exchange. Selon de récentes prédictions de « The Economist Intelligence Unit », le cedi ghanéen risquerait de connaître une dévaluation ; toute chose qui viendra en rajouter au stress des investisseurs étrangers.
Enfin, les banques commerciales sortent d'une difficile épreuve de renforcement de leurs fonds propres, et prennent donc très peu de risques. Cela ralentit le processus de relance et de diversification de l'économie locale.
A la Banque centrale, on est assez confiant toutefois des perspectives à moyen terme. « Normalement, en août / septembre, les réserves de la Banque centrale seraient à leur plus bas niveau, mais cette année, nos réserves sont assez fortes même avant l’entrée attendue du prêt de 1,3 milliard de dollars US pour le cacao. Nous sommes donc dans une meilleure position pour faire face aux chocs défavorables sur le taux de change au cours du prochain trimestre », a déclaré le gouverneur de l'institution, le 4 octobre dernier, lors d'une rencontre avec des journalistes.
Idriss Linge
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