(Agence Ecofin) - Les banques nigérianes dont plusieurs sont cotées sur le Nigerian Stock Exchange (Bourse de Lagos) sont désormais sous pression de réinventer et dynamiser de nouveau les activités de crédit, sous peine de subir une érosion de leurs marges, peut-on déduire de la note d’analyse publiée par Moody’s, et dont l’Agence Ecofin a eu une copie.
Au cours de l’année 2018, les marges nettes dégagées par ces entreprises sur les crédits octroyés aux agents économiques, ont encore reculé, et les hausses de produits nets bancaires ont été soutenues par une amélioration des revenus nets de frais et commissions sur divers services bancaires, notamment les services digitaux à forte valeur ajoutée.
Les analystes de Moody’s estiment que ce segment d’activité des banques devrait être sous pression dans les prochaines périodes. Au cours du mois d’octobre 2018, la Banque centrale du Nigeria a rendu publiques les règles générales qui encadreront le fonctionnement des banques de paiement.
Cette catégorie d’agents financiers concerne aussi bien les grands magasins que les opérateurs de mobile money. Ils seront en mesure d’offrir tous les services de dépôt et de retrait d’argent et pourront s’appuyer sur toutes les formes de services digitaux comme les cartes de crédit, ou encore les codes téléphoniques qui fonctionnent sur tous les types d’appareils y compris les non smartphones.
Les seuls services que ces agents financiers ne pourront rendre, seront les crédits et les garanties qui resteront du domaine des banques. Si l’élargissement des services de paiement est susceptible de réduire la part des dépôts dans le bilan des banques nigérianes, l’agence américaine de notation estime que ces dernières disposent encore d’une base solide de dépôts, capable de soutenir leurs activités de crédit.
Seulement, malgré cette exclusivité sur le marché du crédit, la réalisation de chiffre d’affaires en hausse subira deux principales menaces. Les banques devront trouver de nouveaux secteurs peu risqués à financer, car il y a déjà une forte concentration des prêts au profit du secteur pétrolier des titres émis par le trésor public.
Or, mener une expansion de l’activité de crédit comporte quelques risques, comme en témoigne l’encours des créances douteuses (crédits, dont l’échéance de remboursement est dépassée de plus de 90 jours), qui à la fin 2018, a atteint le niveau record de 10,8% de l’ensemble des prêts accordés par le secteur. Par ailleurs, 2019 sera la deuxième année d’application de la norme IFRS9, et les provisions pour créances douteuses seront désormais comptabilisées sur le compte de résultats, ce qui mettra de la pression sur la marge bénéficiaire des banques.
Rappelons que le secteur bancaire nigérian présentait à la fin 2018, un faible niveau de fonds propres par rapport à ceux des pays comparables comme le Ghana, le Kenya, ou encore l’Ouganda et la Tanzanie. Vetiva Capital, une firme d’analyse, de recherche et d’investissement basée au Nigeria, prévoit d’ailleurs que ces banques devront finalement renforcer leurs fonds propres. Une mission difficile, car il faudra soit emprunter, soit augmenter les capitaux propres, et par conséquent garantir qu’il y aura un retour sur investissement.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.