(Agence Ecofin) - La holding financière ivoirienne NSIA Participations a déclaré ne pas être informée officiellement de l’intention de Banque National du Canada (BNC), un de ses actionnaires de référence depuis 2015, de céder ses parts. « Le projet de retrait, annoncé ces derniers jours par les publications de presse, n’a pas encore été notifié à NSIA Participations », apprend-on d’un communiqué du groupe repris par le site Financial Afrik.
Dans le même temps, NSIA Participation indique que la BNC a d'ailleurs participé à l’augmentation de capital de NSIA Participations, décidée par l’Assemblée Générale Extraordinaire du 08 Avril 2019, faisant passer ses parts de 21,67% à 22,07%. Une initiative qui devrait marquer la confiance renouvelée du partenaire canadien.
Les responsables de NSIA ne démentent donc pas directement l'information. Ils disent simplement n'en avoir pas été informés. Du côté de la Banque Nationale du Canada, on ne s'est pas aussi montré très direct. Dans le cadre d'une discussion avec les investisseurs pour la présentation des résultats du troisième trimestre 2019, Louis Vachon le PDG de l'institution, a pourtant laissé cette idée flotter dans l'air.
Après avoir salué les performances d'ABA Bank, sa filiale au Cambodge, M. Vachon a abordé les autres investissements sur une note moins positive. « Vous pouvez vous attendre à des cessions progressives au cours des prochaines périodes. Au troisième trimestre 2019 nous avons reconnu en Afrique une perte de valeur de 27 millions $ sur nos investissements en portefeuille, particulièrement du fait de la perte de valeur de NSIA Banque, depuis son introduction en bourse en 2017 », a-t-il fait savoir parlant de certains actifs de son institution sur des marchés émergents.
Mais surtout, on notera que la BNC au 30 juin 2019, a conclu qu’elle avait perdu l’influence notable sur le contrôle des opérations de NSIA Participations (NSIA). Cela signifie que, bien que sa participation ait augmenté, BNC n'avait plus le pouvoir de peser sur les décisions importantes de management. De ce fait, elle a donc cessé de la comptabiliser selon la méthode de la mise en équivalence de ce placement, et a désigné son placement dans NSIA comme étant un actif financier (valeurs mobilières) à la juste valeur.
Dans ce nouveau contexte, la banque canadienne a mesuré ce qu'elle a investi pour acquérir les titres NSIA participations et ce que valait cet investissement aujourd'hui. Elle a réalisé que la perte nette était de 27 millions $. Banque National du Canada n'est d'ailleurs pas le seul investisseur ayant perdu en misant sur la valorisation de NSIA Banque.
Un historique du cours boursier de l'institution financière révèle que des actions achetées au quatrième trimestre 2017 à 9000 FCFA, ne valent plus aujourd'hui que 2775 FCFA. C'est une perte de près de 70%, pour ceux qui ont conservé le titre depuis ce moment-là. Un jeune analyste en investissement boursier basé en Côte d'Ivoire avait pourtant déjà averti les investisseurs.
Il avait présenté cela suivant la métaphore africaine de la femme à marier dont la dot coûtait un peu trop cher... Brice Kouaou qui est fondateur de l'école de la Bourse, avait indiqué qu'avec un ratio de cours boursier sur bénéfice de 12,5 NSIA Banque, qui n'était pourtant pas la banque la plus rentable de Côte d'Ivoire, coûtait trop cher, comparé à ses concurrentes du secteur. De ce point de vue, il conseillait aux investisseurs de n'y investir que dans le but de dégager des gains de court terme. L'évolution actuelle des choses semblent lui donner raison.
Du Côté de NSIA, on essaye de sécuriser autant que possible les actionnaires. Dans le rapport annuel de 2018, son fondateur et président du conseil d'administration, Jean Kacou Diagou, a essayé de rassurer notamment sur le problème de la Société SAF Cacao. Il a expliqué des arrangements qui ont permis de résoudre le problème. Le président a aussi salué des efforts de gestion qui ont permis à sa banque de réaliser un bénéfice net en hausse au cours de l'exercice 2018.
Idriss Linge
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