(Agence Ecofin) - En Tunisie, un projet de loi permettra bientôt de créer des médias audiovisuels sans licence. Il suffira alors de déclarer l’existence du média aux autorités. Pour de nombreux professionnels de la presse tunisienne, c’est une hérésie.
En Tunisie, les médias audiovisuels pourraient ne plus avoir à obtenir une licence pour exercer leur activité. C’est ce que laisse penser l’adoption, le 8 juillet dernier, en commission parlementaire, d’un projet de loi régissant la mission de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA). Le projet de loi permettra désormais aux médias audiovisuels d’exercer sans licence, document qui serait désormais substitué à une simple déclaration d’existence aux autorités.
L’adoption du texte a provoqué diverses réactions. La majorité des professionnels du secteur a déclaré qu’il était inadmissible de légaliser ainsi la situation de plusieurs médias audiovisuels qui ont été créés ou exercent en totale violation du cadre réglementaire. « Ce projet de loi serait le moyen d’apporter une légitimité aux chaînes illégales, puisqu’aucun Etat ne permet le lancement de chaines radio ou télé sans autorisation préalable. En effet, l’octroi des autorisations est l’unique moyen de vérifier les sources de financement et les tentatives de manipulation de l’opinion publique », explique le journaliste Maher Abderrahmane.
De nombreux acteurs du secteur craignent que le texte ne provoque une véritable anarchie. « Bientôt en Tunisie, on aura la radio de Daech, la télévision du Front Al-Nosra, et la chaîne de Jond Al Khilafa», ironise Néji Bghouri, secrétaire général du syndicat national des journalistes tunisiens.
Servan Ahougnon
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