(Agence Ecofin) - Dans le monde, les céréales dites « secondaires » ont de nouveau la cote depuis quelques années. Entre adaptations aux conditions climatiques rudes et qualités nutritionnelles intéressantes, des graminées comme le mil et le sorgho se détachent du lot.
Dans le contexte du réchauffement climatique, le sorgho jouera pleinement sa partition avec un renforcement des investissements publics dans la production et la recherche-développement dans les prochaines années.
C’est la principale conclusion qui se dégage des interventions de plusieurs experts durant un point de presse alors que s’achève ce 9 juin, la Conférence mondiale sur la graminée qui a débuté le 5 juin à Montpellier en France.
The @UQ_News @QAAFI contingent. Very excited to be in Montpellier sharing in the excitement of sorghum research @21CentSorgh2023 pic.twitter.com/XC3vqHTBpW
— Ian Godwin (@Godwin_UQ) June 5, 2023
L’évènement qui, le second du genre dédié à la céréale depuis le début des années 2000, a été organisé par le Cirad en partenariat avec l’Institut de recherche et de développement (IRD), la Collaboration mondiale sur le sorgho et le millet de Kansas State University, l’Association Sorghum ID et le Centre d’étude pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS).
Alors qu’à l’échelle mondiale, elle représente la 5ème céréale cultivée après le maïs, le blé, le riz et l’orge avec en moyenne 60 millions de tonnes par an, le sorgho reste une plante intéressante. La graminée offre en effet une diversité d’usages aussi bien dans l’alimentation humaine directe que dans les processus industriels (incorporation à la bière), la transformation alimentaire en Afrique et l’alimentation du bétail en Europe, en Amérique et en Asie.
Malgré ces multiples débouchés, Jean-François Rami, généticien au Cirad et coordinateur local de la conférence mondiale, estime qu’il y a eu une faiblesse des investissements dans le domaine de la recherche sur la plante sur plusieurs décennies.
Jean-Francois Rami, @Cirad, summarizes to members of the press that #sorghum2023 is an opportunity to bring together a diverse community from around the globe to focus attention on sorghum, an important cereal crop for many countries, and in a changing climate. pic.twitter.com/uGANoRIrLI
— 21centurysorghum 2023 Montpellier (@21CentSorgh2023) June 5, 2023
Cette situation a conduit selon le scientifique à un progrès génétique limité jusqu’ici pour les espèces de sorgho contrairement aux cultures comme le maïs, le blé et le riz où la sélection variétale a conduit à d’importants gains de rendements. À la question de savoir alors, quelles seront les tendances futures pour la recherche, le responsable apporte une réponse positive.
En effet, selon M. Rami, le moment est plus que jamais propice pour s’intéresser à une plante aux multiples atouts sur le plan de l’adaptation dans le contexte du changement climatique. Elle peut ainsi se développer dans des zones arides avec un besoin en eau de 250 millimètres par an, soit trois fois moins que le maïs.
Ce constat global est partagé par Vincent Vadez, chercheur IRD qui étudie entre autres, la capacité de résilience du sorgho au stress hydrique lié aux variations de température. Rappelant aussi que le sorgho a souffert pendant longtemps d’un timide intérêt à l’image du mil, le chercheur explique qu’un mouvement est déjà engagé avec actuellement des efforts sur l’intensification de la culture du sorgho.
« La densité de semis du maïs [nombre de grains semés par unité de surface, Ndlr] a triplé en l’espace d’un siècle grâce aux efforts des agronomes et des améliorateurs. Chez le sorgho et le mil, le travail qu’on mène actuellement est de tester plusieurs variétés existantes pour voir si on peut les cultiver à une plus forte densité de semis pour augmenter la productivité. L’idée c’est d’essayer d’aller un petit peu plus vite, de faire un petit peu ce qu’on a fait avec le maïs sur un espace de temps plus restreint en comprenant ce qui peut permettre de réaliser cet effort », détaille le chercheur.
Au-delà de la génétique, Timothy J. Dalton, professeur de développement agricole à l’Université du Kansas (le premier Etat producteur de sorgho aux USA) estime que la collaboration internationale est aussi cruciale pour faire face aux menaces qui pèsent sur la plante.
« L’exemple du puceron de la canne à sucre qui a presque éliminé le sorgho au Botswana dans les années 90 est parlant. Nos chercheurs ont pu travailler en Éthiopie sur une variété résistante au nuisible en faisant des croisements. Quand par la suite, il est devenu un important ravageur du sorgho en 2013, les chercheurs américains ont pu utiliser les mêmes gênes pour arriver à des variétés résistantes grâce à la collaboration ».
Pour rappel, la 3ème édition de la Conférence mondiale sur le sorgho devrait se tenir en 2026 dans l’État du Texas aux USA.
Espoir Olodo
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