(Agence Ecofin) - Tesla a annoncé cette semaine son intention de supprimer les terres rares des prochains moteurs de ses véhicules électriques. Une décision diversement appréciée alors que l’automobile représente, avec l’industrie éolienne, un moteur de la croissance prévue de la demande mondiale des terres rares.
Tesla a révélé le mercredi 1er mars dernier, sa décision de ne plus utiliser d’aimants permanents contenant des terres rares, le néodyme en l’occurrence, dans ses moteurs PMSM de prochaine génération. Selon le cabinet de recherche Adamas Intelligence, cette décision ne devrait entrainer qu’une baisse de 3 à 4 % au maximum de la demande mondiale à long terme des aimants NdFeB (néodyme, fer et bore), même si elle concerne l’ensemble de la gamme de véhicules du géant électrique.
Tesla revealed its next-generation PMSM traction motors would not use rare earth permanent magnets. @adamasintel reported the media and market’s reaction to the news has been largely overblown. See @adamasintel 's key takeaways below ?https://t.co/upGsGYzesC#RareEarths pic.twitter.com/f4AmFaa2ui
— Pensana Plc (@PensanaRE) March 3, 2023
Dans une analyse publiée le 2 mars sur son site web, le cabinet estime que la réaction des médias et du marché à l’annonce de Tesla a donc « été largement exagérée ». Une forte vente des actions des mineurs chinois de terres rares à la suite de l’annonce a ainsi été rapportée par Bloomberg, avec à la clé une baisse de plus de 7 % des cours de JL Mag Rare-Earth Co. et de Jiangsu Huahong Technology Stock Co. en Chine continentale.
Il est vrai qu’à court terme, la décision de Tesla concerne essentiellement les entreprises chinoises qui représentent collectivement 80 à 90 % de l’offre mondiale, mais dont les mines et usines de traitement font partie des plus polluantes au monde. Le géant américain de l’automobile électrique a en effet cité les risques que cette industrie, réputée très polluante, fait peser sur l’environnement et la santé, pour justifier sa décision d’abandonner les terres rares.
Or, les rares évaluations disponibles montrent que les impacts environnementaux et sanitaires de la production de terres rares hors de Chine sont ou devraient être juste une fraction de ceux de la Chine. Pour un kilogramme de NdFeB produit par la mine de Mountain Pass, aux États-Unis, les impacts sont par exemple un tiers de ceux de Bayan Obo en Chine, d’après une étude de 2018 cité par le cabinet.
Des perspectives positives pour les mines africaines de terres rares
Selon Adamas Intelligence, Tesla pourrait donc s’approvisionner ailleurs qu’en Chine, pour respecter ses exigences, surtout avec l’émergence de nouveaux acteurs décidés à contester l’hégémonie de l’empire du Milieu. Une vague de désintérêt des autres constructeurs automobiles pour les terres rares, à cause de ces impacts environnementaux et sanitaires, reste donc peu probable. Il ne s’agit pourtant pas de l’argument qui relativise le mieux les conséquences sur le marché mondial des aimants contenant des terres rares, si les choix de Tesla sont définitifs.
Dans un rapport publié en avril 2022, le cabinet a estimé que la demande mondiale d’aimants NdFeB devrait augmenter à un taux de croissance annuelle composé (CAGR) de 8,6 % entre 2022 et 2035, contre un CAGR de 5,4 % pour la production mondiale de néodyme, de praséodyme, de dysprosium et de terbium. Sur la base de ces estimations, Adamas Intelligence conclut qu’« une baisse de 3 à 4 % de la demande d’ici 2035 passerait pratiquement inaperçue » par rapport à l’ampleur du déficit d’approvisionnement.
$PEK is pleased to announce completion of the BFS Update supporting a technically and economically robust standalone Ngualla Rare Earth Project, reaffirming its world-class status.
— Peak Rare Earths (@PeakRareEarths) October 24, 2022
BFS Update: https://t.co/1ME7EDuXc0
View the presentation: https://t.co/4Z6FcwDbo3#rareearths pic.twitter.com/NWpMs3P0wz
C’est une conclusion bienvenue pour les pays africains qui développent activement des projets de terres rares depuis quelques années en misant sur la croissance de la demande dans les industries de l’automobile et de l’énergie éolienne. La compagnie minière britannique Pensana, active sur le projet de terres rares Longonjo en Angola, s’est d’ailleurs empressée de partager la note d’Adamas Intelligence.
Emiliano Tossou
Sofitel Manhattan, NY, USA