(Agence Ecofin) - A l’échelle de la planète, le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux est responsable d’une pollution atmosphérique importante. Selon une récente étude, la substance provenant des engrais azotés et du fumier représente une menace pour les efforts entrepris pour limiter le réchauffement climatique.
Au plan mondial, la progression des émissions d’oxyde nitreux (ou protoxyde d’azote – N2O) issu des engrais azotés utilisés pour la fertilisation et du fumier pourrait plomber les efforts déployés pour contenir le réchauffement climatique. C’est ce qu’indique une étude publiée le 7 octobre dans la revue scientifique britannique Nature.
Les travaux qui ont été menés par le Global Carbon Projet (GCP), un consortium scientifique international qui sous l’égide de l’Université britannique d’East Anglia, fournit la première évaluation complète du niveau de N2O dans l’atmosphère.
Alors qu’habituellement, le dioxyde de carbone (CO2) est le gaz à effet de serre le plus épinglé quand il s’agit de changement climatique, les experts indiquent que le protoxyde d’azote possède un pouvoir réchauffant 300 fois plus important que ce dernier.
Avec le développement des activités humaines et notamment de l’agriculture intensive d’où proviennent 70 % des émissions globales de N2O, les chercheurs révèlent notamment que la concentration du gaz dans l’atmosphère a augmenté de 30 % sur les 4 dernières décennies.
Pour les auteurs du rapport, si les émissions poursuivent leur dynamique, la température mondiale pourrait bien augmenter de plus de 3 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Une perspective bien sombre alors que l’accord de Paris adopté en 2015 ambitionne de maintenir une élévation des températures « bien en deçà de 2 °C » afin d’éviter la catastrophe annoncée par les scientifiques pour les écosystèmes et les populations humaines en cas de statu quo.
« L’étude appelle à une action immédiate pour contrôler les émissions de N2O. Si nous n’y parvenons pas, il faudra contrôler de manière plus stricte d’autres gaz comme le CO2 et le méthane pour atteindre les objectifs de Paris », confie à Reuters, Parvadha Suntharalingam, chercheur à l’Université britannique d’East Anglia.
« Le problème principal est que dans plusieurs régions du monde, la production agricole est subventionnée par les gouvernements à travers des politiques de baisse des prix des engrais […]. Dans les pays en développement où il n’y a pas toujours de sécurité alimentaire, la dernière chose dont les gouvernements ont envie d’entendre parler, est un changement dans quelque chose d’essentiel (utilisation des engrais synthétiques, Ndlr) pour la production alimentaire », explique à Bloomberg, Pep Canadell, directeur exécutif du GCP et co-auteur de l’étude.
Pour rappel, l’oxyde nitreux est le 3e gaz à effet de serre le plus important après le CO2 et le méthane en volume émis. Les principales régions émettrices de N2O sont l’Asie de l’Est, l’Asie du Sud, l’Afrique et l’Amérique du Sud selon l’étude.
Espoir Olodo
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UMA Fairs Ground, Kampala, Ouganda.