(Agence Ecofin) - La suspension du paiement concerne les eurobonds, les prêts commerciaux à terme et la plupart des dettes bilatérales. Elle vise à empêcher une nouvelle détérioration de la situation économique, financière et sociale du pays.
Le gouvernement ghanéen a annoncé, lundi 19 décembre, la suspension provisoire du paiement de la majeure partie de sa dette extérieure en attendant des accords avec l’ensemble des créanciers sur sa restructuration.
« Nous annonçons aujourd'hui [lundi] la suspension de tous les paiements du service de la dette pour certaines catégories de notre dette extérieure, en attendant une restructuration », a annoncé le ministre des Finances ghanéen, Ken Ofori-Atta (photo), cité dans un communiqué.
La suspension concerne le paiement des eurobonds, des prêts commerciaux à terme et la plupart des dettes bilatérales du pays. Le paiement de la dette multilatérale et de nouvelles dettes contractées à partir du lundi 19 septembre n'est pas concerné.
Le ministre des Finances a expliqué que cette mesure vise à « empêcher une nouvelle détérioration de la situation économique, financière et sociale » du Ghana « dans l'attente d'accords futurs » avec tous les créanciers.
« Nos ressources financières, y compris les réserves internationales de la Banque du Ghana, sont limitées et doivent être préservées à ce moment critique », a-t-il souligné.
Le Ghana est aux prises avec une grave crise économique consécutive au ralentissement provoqué par la pandémie du coronavirus et les retombées de la guerre en Ukraine. Alors que le remboursement siphonne environ 70% des recettes publiques, l’inflation a atteint 50% en novembre dernier, tandis que la monnaie locale a plongé de plus de 50% depuis le début de l’année en cours.
Les réserves de change brutes du pays s’élevaient à environ 6,6 milliards $ à la fin du mois de septembre 2022, contre 9,7 milliards $ enregistrés à fin 2021.
Pour remettre à flot les finances publiques, le Ghana a conclu, le 12 décembre, un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage de 3 milliards $, en contrepartie d’un programme de réformes visant notamment à « rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette, tout en protégeant les personnes vulnérables, en préservant la stabilité financière et en jetant les bases d'une reprise solide et inclusive ».
L’institution financière multilatérale avait cependant estimé que la dette du Ghana, qui s’élève à 393,4 milliards de cedis (38 milliards $) n'était pas viable, et a invité les autorités à procéder à une restructuration de cette dette pour bénéficier d’un programme d’aide.
Fin novembre, le gouvernement ghanéen avait annoncé qu’il envisage de demander aux détenteurs de ses euro-obligations d’accepter des décotes allant jusqu’à 30 % du principal, et de suspendre le versement de coupons aux détenteurs des obligations domestiques dans le cadre des négociations sur la restructuration de la dette du pays.
Selon le ministre des Finances, des « échanges » ont déjà eu lieu avec les détenteurs d’eurobonds en attendant le lancement des discussions officielles « dans les prochains jours ».
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