(Agence Ecofin) - En diffusant le film Persepolis, la chaîne Nessma TV aurait voulu mettre en garde les Tunisiens quant aux dangers de l’intégrisme. Sur ce plan, l’opération a réussi. Les loups sont sortis du bois et ont montré leur inquiétant visage à tous les électeurs tunisiens.
Menacée des pires violences, la chaîne a du libérer la majorité de son personnel par mesure de sécurité et a réduit l’essentiel de ses programmes à des rediffusions. Seule la rédaction du journal reste en poste, réclamant une protection policière.
Pendant ce temps, les grands actionnaires de Nessma, que sont Tarek Ben Ammar et Silvio Berlusconi, restent silencieux.
La chaîne garde le soutien de ses téléspectateurs et d’une large partie de la société civile, bien que de nombreux acteurs de la révolution du jasmin rappellent volontiers le retournement de veste du patron de la chaîne, Nabil Karoui, pour qui Ben Ali est passé en quelques jours de « père des Tunisiens », comme il se plaisait à le nommer à l’antenne, à « dictateur », le lendemain de sa chute. Une acrobatie qui ne l’autorisait peut-être pas à dispenser des leçons démocratie, et encore moins de morale, au peuple tunisien. Et surtout pas aux islamistes qui ont particulièrement souffert de la terrible répression du régime déchu.
Dans cette escalade pré-électorale, c’est finalement Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste modéré Ennahdha, grand favori des prochaines élections, qui résume la situation de la manière la plus acceptable pour toutes les parties: « les salafistes sont des citoyens tunisiens, tant qu’ils respectent la loi, nous sommes avec eux, si au contraire ils s’éloignent de la loi, nous sommes contre eux » a-t-il déclaré à France 24.