(Agence Ecofin) - Avec environ 20 milliards $ transférés chaque année par sa diaspora, le Nigeria a vu émerger de nombreux systèmes non officiels de réception d’argent. Alors que le pays compte sur cette manne pour stabiliser et renforcer sa politique monétaire, la CBN donne un coup de pied dans la fourmilière.
La Banque centrale du Nigeria (CBN) a publié le lundi 22 mars 2021, une liste de 47 opérateurs désormais autorisés à recevoir des transferts de fonds de la diaspora nigériane.
Ce tour de vis s’inscrit en droite ligne de la série de mesures qu’avait annoncées la CBN pour permettre au pays d’attirer plus de transferts de fonds de sa diaspora ; avec en toile de fond l’augmentation de la liquidité en devises et la stabilisation de la monnaie locale face à la forte pression qu’exerce la demande croissante du dollar sur le naira.
Fin 2020, la CBN avait décidé de centraliser le système et couper tous les canaux non officiels par lesquels les envois de fonds de la diaspora s'effectuent. Ainsi, elle a, à tour de bras, imposé aux opérateurs de transfert d’argent de ne verser les fonds à leurs bénéficiaires qu’en espèces et en dollars américains ou sur un compte domicilié (en devises) dans une banque de dépôt aux taux du marché. La nouvelle politique éjecte du circuit tous les autres acteurs, y compris les plateformes de paiement via le mobile.
« L'un des facteurs qui a provoqué cette réforme est le fait que les opérateurs [de transfert d’argent, Ndlr] ont au fil du temps eu recours à l’arbitrage sur le taux de change naira-dollar, plutôt que de se concurrencer pour améliorer les volumes de transactions et créer des moyens plus efficaces pour les Nigérians de la diaspora de transférer des fonds », a confié un économiste, spécialisé sur le Nigeria, contacté par l’Agence Ecofin.
Si la batterie de mesures est décriée, le régulateur a décidé d’attirer les envoyeurs de fonds, en annonçant un bonus sur chaque transfert via l’un de ses 47 opérateurs d’envois d’argent agréés. Ainsi, il a introduit le 8 mars 2021, une remise de 5 nairas pour chaque dollar transféré dans le pays par l'intermédiaire des canaux officiels.
« Nous pensons que cette mesure aidera à soutenir l'amélioration des entrées de devises et permettra aux Nigérians de la diaspora d'utiliser des canaux plus formels », a soutenu le gouverneur de la CBN, Godwin Emefiele.
Selon PWC, les Nigérians de l’extérieur ont envoyé 23,63 milliards $ au pays en 2018, soit 6,1% du PIB. Ces envois de fonds pourraient atteindre 34,89 milliards $ d'ici 2023, selon la même institution, alors que Western Union, la plus grande compagnie dans le domaine, estime à 5 millions, le nombre de Nigérians vivant à l'étranger qui envoient de l'argent à leurs proches. Le pays est la cinquième plus grande destination mondiale pour les remittances.
Fiacre E. Kakpo
Nairobi, Kenya - Promoting sustainable economic growth through trade