(Agence Ecofin) - Au Maroc, le débat est loin d’être clos sur les rapports entre le pouvoir exécutif et le secteur audiovisuel. Tout est parti d’une déclaration du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Devant la Chambre des Conseillers, Mustapha el Khalfi (photo) a critiqué certains télé-feuilletons diffusés par les chaînes de télé publiques, qualifiant certaines séquences « d'obscènes ».
En réaction, un groupe de journalistes, d’artistes et d’intellectuels a publié une pétition qui dénonce une volonté de « dompter, de soumettre puis de contrôler le paysage audiovisuel ». L’objectif, précisent-ils, est de « vider son contenu de tout le rayonnement qui doit être le sien » et de lui « imposer une dimension morale dont le seul objectif est de le soumettre à une domination certaine ».
Les signataires de la pétition défendent les principes fondés sur « le respect de la pluralité politique, linguistique et culturelle, mais aussi sur la diffusion des valeurs de liberté et des principes de concurrence et de libre entreprise ».
Dans une mise au point, le ministre de la Communication estime que la pétition renferme un « discours idéologique, discriminant et anti-démocratique ». Pour Mustapha el Khalfi, les médias publics sont « un service public dont les responsables doivent se conformer aux règlementations régissant les services publics, et aux principes de neutralité, de transparence, de probité et d'intérêt général énoncés dans l'article 155 de la Constitution ».
Lors d’un de ses traditionnels points de presse hebdomadaires, le ministre s’est voulu plus clair : « Des propos obscènes ont été diffusés sur une chaine de télévision publique. Je n'ai fait que demander à la Haca (Haute autorité de la communication audiovisuelle) d'assumer ses responsabilités. Nous n'avons pas de problème avec la liberté de la presse. » Il a jouté : « Il y a des producteurs qui ont signé des pétitions contre ma personne non pas pour défendre la liberté de presse, mais parce qu'ils ont perdu des marchés. »
La polémique a gagné le Parlement marocain où le ministre de la Communication a dû s’expliquer. « Je ne fais qu’appliquer la loi », a-t-il dit. Mais certains députés dénoncent les « attaques répétées » du chef du gouvernement, AbdelilahBenkirane,contre la presse. Pourtant, le chef du groupe parlementaire du Pjd, Abdellah Bouanou, estime que la chaîne 2M joue « le rôle de l'opposition » et non d'information. « Nous allons mettre fin à cette orientation sur le plan législatif », a-t-il prévenu.
Assongmo Necdem
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