Venance Konan veut faire de Frat-Mat «le plus grand groupe de presse d’Afrique»

(Agence Ecofin) - Le nouveau DG du groupe de presse gouvernemental ivoirien Fraternité Matin affiche ses ambitions et son crédo professionnel.

Journaliste écrivain Venance Konan, qui a été nommé par Alassane Ouattara à la tête du quotidien Fraternité Matin, proclame son intention de réformer la culture de presse ivoirienne : « En Côte d'Ivoire, chaque journal est soutenu par une formation politique. Il existe une pluralité de la presse mais ce sont en fait plusieurs pensées uniques qui cohabitent. Il faut que les journalistes se libèrent des vieux réflexes du parti unique. Rien ne les oblige à encenser le gouvernement, ni à insulter les opposants. »

Dans un entretien au journal Le Patriote, il appelle ses collaborateurs à revoir leur approche du métier : « Il s’agit de revenir à la qualité, au professionnalisme et faire en sorte que tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire et même tous les Africains, se retrouvent en ce journal. C’est un travail d’équipe qui va s’appuyer sur toutes les compétences au sein du journal », déclare M. Konan. Selon lui, le groupe dont il conduit désormais le destin « était à l’agonie, les ventes quasiment à zéro. Toutes les voitures de reportage ont été emportées, les dégâts étaient estimés à 800 millions de nos francs. Le magasin de pièces détachées de l’imprimerie a été également pillé. Voici donc la situation dans laquelle j’ai pris Fraternité Matin. »

Comportements peu recommandables

Venance Konan attend de l’Etat qu’il lui donne des moyens à la hauteur de ses ambitions mais qu’il soit également plus exigeant à l’égard des entreprises de presse  en général « car on ne fait pas un grand journal avec des bouts de ficelles. Les gens ont pensé qu’il suffisait d’avoir 10 millions pour créer un journal. On a vu cela dans ce pays. On prend des jeunes gens qu’on ne paie pas et ces derniers sont obligés d’avoir des comportements peu recommandables, qui ternissent l’image de la corporation. Mais, à dire vrai, est-ce leur faute ? Ils ont besoin de vivre! ».

Dans cet élan, il projette la création d’un centre de formation de journalistes au sein de Fraternité Matin, promet une gestion rigoureuse de l’entreprise d’Etat et une réelle indépendance de la rédaction « qu’on ne vous oblige pas à insulter, à diaboliser ou à encenser quelqu’un. Nous ferons votre travail de journaliste en toute liberté, selon les règles de la profession. »