(Agence Ecofin) - Le quotidien camerounais Le Jour dans son édition du vendredi 8 novembre 2013, se demande quel est le problème entre le magazine Jeune Afrique et le président Biya... Dans un article intitulé « Jeune Afrique – Paul Biya : la crise ? », Le Jour, quotidien peu soupçonnable de complaisance à l’égard du pouvoir d’Etoudi, constate que « l'hebdomadaire panafricain n'a pas été tendre ces dernières semaines avec le régime de Yaoundé ». Pour preuve, les deux couvertures du magazine consacrées au Cameroun en moins d’un mois et l’évocation des sujets sur le Cameroun dans trois éditions du magazine, toujours en l’espace d’un mois. Tous des sujets en défaveur du pouvoir en place. Le journal ne met pas en doute l’intérêt des sujets traités, mais questionne l’objectif de JA au Cameroun dans ses éditions successives à travers des sujets qui fâchent sans doute le pouvoir.
D’abord, le sujet concernant le rapatriement de la dépouille du premier président Camerounais Amadou Ahidjo enterré à Dakar au Sénégal. « A la Une du n°2753 de Jeune Afrique (semaine du 13 au 19 octobre), deux photos. L’une d'un Paul Biya dont le visage porte les marques de l'âge, l'autre d'un Amadou Ahidjo fringant, au faîte de sa splendeur. Entre les deux premiers présidents du Cameroun, une marque de déchirure et en dessous un titre: Cameroun: les fantômes du palais », constate Le Jour.
«Au regard de l'histoire du Cameroun et de la trace qu'il entend y laisser, il serait incompréhensible que Paul Biya ne fasse pas tout, avant de quitter lui-même le pouvoir, pour organiser les funérailles nationales de celui qui fut son mentor et son pygmalion. Savoir jeter la rancune à la rivière, n'est-il pas le propre des vrais chefs?», écrit François Soudan dans son commentaire intitulé «Outrage post-mortem».
Puis Jeune Afrique, sous la plume du Camerounais Georges Dougueli, affirme aussi que, sans le retour de cette dépouille, « l’émergence aussi, ce beau concept dont le chef de l’État a fait son slogan, ne restera qu’une coquille vide ». Le magazine rappelle tout de même que, selon Paul Biya (cité), le rapatriement de cette dépouille est une affaire de famille.
Ensuite, quelques semaines plus tôt (n°2751 du 29 septembre au 5 octobre 2013), rappelle le quotidien camerounais, Jeune Afrique avait également commenté un sujet qui fâche dans l'entourage de Paul Biya: l'affaire Marafa. Dans l'éditorial du directeur de la rédaction, François Soudan, la condamnation de Marafa Hamidou Yaya était considérée comme une aberration judiciaire. « L'un des cas les plus flagrants, relevé par tous les observateurs et toutes les chancelleries, où l'opération Epervier, cette forme de justice extrême proche de l'extrême injustice, a pu donner corps aux soupçons d'instrumentalisation politique», écrivait l'éditorialiste.
Enfin, dans son numéro 2749 du 15 au 21 septembre 2013, Jeune Afrique titrait à sa Une : « Cameroun : malaise dans les rangs ». Dans un dossier, le magazine considérait l’armée camerounaise comme « un grand corps malade ».
Fort de ces constats, Le Jour pense qu’ « il y a de quoi être intrigué par cet intérêt de JA pour ce qui se passe au Cameroun. Pas que l'hebdomadaire n'a pas souvent ouvert ses colonnes au pays de Paul Biya, mais sa posture actuelle semble trancher avec celle d'il y a peu de temps encore ».
La crise de foi au Sénégal
Ce qui se passe au Sénégal peut également susciter des interrogations. Le 21 octobre dernier, des médias sénégalais (dont Le Populaire et L’As) écrivaient que « l’énorme travail de com’ pour Karim Wade fait par JA cache mal des dessous financiers. Faute de pouvoir décrocher un spécial Sénégal avec le pouvoir, JA préfère donner le beau rôle à l’opposition et à son auto-désigné chef, Karim. En fait, comme cela avait souvent cours du temps de Abdoulaye Wade, les gars de JA ont envoyé à Dakar une de leurs collaboratrices pour démarcher un spécial sur le Sénégal (sur 25 pages), espérant rafler de la pub partout (surtout les grosses boîtes, les ministères…) pour environ 80 000 à 100 000 euros (52 millions à 65 millions). Mais, c’est par un gros vlan au nez qu’on leur répond. L’auteur du crime ? Souleymane Jules Diop, le monsieur com’ de Macky Sall (multirécidiviste qui a déjà eu à éconduire un grand journal français qui chassait les mêmes publixaalis) ». D’où le titre de l’article du Populaire, « Souleymane Jules Diop chasse du Palais Jeune Afrique qui se range aussitôt du côté de… ».
Les journaux sénégalais rapportent que Souleymane Jules Diop (photo) clame avec fierté que Macky Sall a été « très bien élu, plébiscité partout dans le monde, les grands journaux influents se l’arrachent » et que, par conséquent, le président sénégalais peut se passer des dossiers spéciaux de JA pour polir son image. Ce qui apparemment n’était pas le cas avec son prédécesseur Abdoulaye Wade. « Dans la logique de Souleymane Jules Diop, ces mannes d’argent pompées par ces journaux étrangers peuvent mieux servir à la presse locale qui tire plus et qui a plus de prégnance sur les masses quand il s’agit d’élire un président que les journaux étrangers bons quand même pour polir l’image d’un chef d’Etat, mais quand il en a besoin…», écrit Le Populaire.
B-O.D.
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