(Agence Ecofin) - Constat amer du nouveau ministre de la Communication d’Algérie : seule une vingtaine de journaux privés sont viables parmi les 160 qui paraissent. Hamid Grine, qui est journaliste à la base, veut assainir la presse algérienne, un projet qu’il a expliqué dans une interview avec le quotidien en ligne Tout sur l’Algérie. A la question de savoir si le grand ménage annoncé va emporter plusieurs quotidiens, le ministre répond : « C’est une chose qui me désolerait. Cela dit, si un journal n’est pas viable économiquement et financièrement et s’il a une mauvaise gestion, il faudrait qu’il arrête. C’est évident. »
Hamid Grine dit qu’il tire des conclusions de la mauvaise santé financière des nombreuses entreprises de presse en Algérie. « Où va l’argent ? Il ne va pas dans la poche des journalistes. Et il ne va pas dans l’investissement et le développement du journal ou l’imprimerie. L’équation est simple : certains éditeurs s’enrichissent alors que les journalistes s’appauvrissent », observe-t-il, rappelant que même les factures d’impression ne sont pas payées. Les imprimeries publiques viennent d’ailleurs de mettre en demeure plusieurs journaux.
Selon le ministre de la Communication, la bonne tenue de l’entreprise de média suppose de bons salaires aux employés et un investissement sur leur formation. Récemment, il a d’ailleurs appelé les éditeurs de presse à consacrer 2% de leurs bénéfices à la formation des journalistes. Pour montrer le bon exemple, l’Etat a organisé un premier cycle d’apprentissage animé par le franco-algérien Rachid Arhab. Le journaliste d’investigation Pierre Péan a été invité pour le second cycle à partir du 26 juin 2014.
Hamid Grine a décidé de mettre fin à « trop d’indulgence, trop de tolérance et trop de compréhension ». Cela passe par la révision du fonctionnement de l’Anep, l’entreprise nationale d’édition et de publicité, par laquelle l’Etat soutient la presse. Désormais, l’attribution de la publicité aux médias tiendra compte du tirage et du respect de l’éthique. « Un journal qui tire à 400 000 ou à un million d’exemplaires ne bénéficiera pas de la publicité Anep s’il n’est pas professionnel », prévient le ministre de la Communication.
Le ministre de la Communication entend également mettre en place un encadrement juridique par le biais d’une autorité de régulation de la presse écrite, d’une commission chargée de délivrer la carte nationale de journaliste professionnel, enfin d’un conseil de l’éthique et de déontologie. L’objectif premier est d’extraire du milieu les faux et les mauvais journalistes.
Pourtant, le projet d’Hamid Grine est perçu comme une menace et, surtout, une chasse aux sourcières contre les médias qui ont critiqué le 4ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat. Le ministre reconnaît que plusieurs journalistes contactés pour prendre part aux réflexions en cours se sont rétractés sur ordre de leurs patrons respectifs.
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