(Agence Ecofin) - Le président burundais Pierre Nkurunziza a annoncé, dans un décret publié le 25 août, le premier gouvernement de son 3e mandat controversé, largement dominé par des membres de l’aile dure du CNDD-FDD, le parti au pouvoir.
La nouvelle équipe qui va gérer un pays plongé dans une grave crise politique consécutive à la réélection de M. Nkurunziza est surtout marquée par le retour au ministère de la Sécurité publique d'Alain-Guillaume Bunyoni, considéré comme un acteur-clé du système sécuritaire du régime et un fidèle parmi les fidèles du chef de l’Etat. Cet ancien militaire au sein de la rébellion hutue fut le premier directeur de la nouvelle police burundaise post-guerre civile, de 2005 à 2007. Il avait déjà occupé le portefeuille de la Sécurité publique entre 2007 et 2011, avant de devenir chef de cabinet civil du président jusqu'en novembre 2014. M. Bunyoni est l'un des deux hommes les plus durs du régime, au côté du général Adolphe Nshimirimana, ancien chef des services de renseignement, assassiné le 2 août à Bujumbura.
Il remplace à la Sécurité publique, Gilbert Nizigama, un ancien commissaire de police, qui devient directeur de cabinet civil adjoint du président. Le général Évariste Ndayishimye, ex-ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique (2006-2007) puis ancien directeur de cabinet militaire, a été, quant à lui, nommé directeur de cabinet civil.
Jusqu'ici ministre de la Justice, poste qu'il occupait depuis 2011, Pascal Barandagiye, hérite du ministère-clé de l'Intérieur, à la place d'Édouard Nduwimana, élu 2e vice-président de l'Assemblée nationale.
Interrogé par l’AFP, un diplomate occidental a estimé que ce gouvernement «n’est pas rassurant» dans la mesure «où la ligne dure et le passage en force qui ont prévalu» dans le choix des membres du nouveau cabinet. «C'est clairement l'aile dure du parti au pouvoir qui a pris le dessus, c'est un gouvernement à nos yeux qui ne va pas faciliter l'apaisement et le dialogue», a déclaré ce diplomate qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat.
Seuls cinq ministres conservent par ailleurs leurs postes (Affaires étrangères, Communauté est-africaine, Finances, Énergie et Mines, Défense), le reste de l'équipe étant renouvelée. Le parti d’Agathon Rwasa, principal opposant au président Nkurunziza, devenu premier vice-président de l'Assemblée après avoir accepté de jouer le jeu des institutions à l'inverse du reste de l'opposition, récupère cinq ministères d'importance secondaire (Bonne gouvernance, Fonction publique, Développement communal, Transports et Travaux publics, Jeunesse et Sports).
Voici la liste du nouveau gouvernement burundais :
-Ministre du Commerce, de l’industrie et du tourisme : Pélate Ni yonkru
-Ministre de l’Intérieur et de la formation Patriotique: Pascal Barandagiye
-Ministre des Postes, des technologies de l’information, de la Communication et des médias : Nestor Bankumukunzi
-Ministre de la Sécurité publique: Allain-Guillaume Bunyoni
-Ministre à la Présidence chargé des Affaires de la communauté est-africaine: Hon. Léontine Nzeyimana
-Ministre de l’Energie et des mines : Côme Manirakiza (reconduit)
-Ministre de l’Eau, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme: Emmanuel Niyonkru
-Ministre á la Présidence chargé de la Bonne gouvernance et du plan: Serges Ndayiragije
-Ministre des Transports, des travaux publics et de l’équipement : Jean Bosco Ntunzwenimana
-Ministre des Finances, du budget et de la privatisation: Tabu Abdallah Manirakiza
-Ministre du Développement communal: M Jeanne d’Arc Kagayo
-Ministre des relations extérieures et de la Coopération Internationale: Alain Aimé Nyamitwe
-Ministre de l’Agriculture et de l’élevage: Déo Guide Rurema
-Ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture: Jean Bosco Hitimana
-Ministre des Droits de la personne Humaine, des affaires sociales et du genre : Martin Nivayanadi
-Ministre de la Défense nationale et des anciens combattants: Emmanuel Ntahomvukiye
-Ministre de la Santé publique et de la lutte contre le Sida: Josiane Nijimbere
-Ministre de l’Education, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique: Janvière Ndirahisha
Lire aussi
26/07/2015 - Burundi: le président Nkurunziza réélu pour un troisième mandat controversé
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »