(Agence Ecofin) - Le président congolais Denis Sassou-Nguesso a de plus en plus du mal à résister à la tentation de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Le chef d’État âgé de 72 ans a annoncé, le 22 septembre, qu’il allait organiser un référendum sur une révision du texte fondamental en vue de briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2016.
Sans donner de dates précises, il a annoncé la mise en place d'une commission chargée d'adopter un «projet de Constitution» et la convocation d'un «scrutin référendaire dans un avenir proche».
«J'ai décidé de donner la parole directement au peuple afin qu'il se prononce sur le projet de loi énonçant les principes fondamentaux de la République [...] et fixant les nouvelles formes d'organisation et les nouvelles règles de fonctionnement de l'État», a déclaré le président dans un message diffusé sur la radio et la télévision publiques.
La Constitution congolaise en vigueur depuis 2002 limite à deux le nombre de mandats présidentiels et l’âge des candidats à 70 ans. Elle ne permet pas ainsi au président Sassou Nguesso, qui termine en 2016 son deuxième et théoriquement dernier septennat, de se représenter. Le comité central du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) s’était cependant prononcé, le 31 décembre 2014, à la quasi-unanimité en faveur d'un changement de Constitution en vue de permettre à M. Sassou Nguesso de se représenter à l'élection présidentielle de 2016.
Denis Sassou Nguesso cumule plus de 30 ans de pouvoir à la tête du pays. Il a dirigé le Congo à l'époque du parti unique, de 1979 jusqu'aux élections pluralistes de 1992, qu'il a perdues. Revenu au pouvoir en 1997 à l'issue d'une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.
L’opposition n’a pas tardé à réagir à l’annonce de l’organisation d’un référendum sur une révision de la Constitution faite par le président. «Cette démarche [...] plonge le pays dans un chaos et dans une grave crise», a déclaré Clément Miérassa, dirigeant d'un parti d'opposition membre du Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique (FROCAD). «Nous avons toujours crié haut et fort : non au référendum, non au changement de la Constitution et non au troisième mandat du président Sassou Nguesso », a-t-il ajouté, indiquant que l’opposition compte «demander à la population de résister, pacifiquement et par les moyens que nous offre la Constitution en vigueur, contre ce coup d'État constitutionnel».
A noter que le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), deuxième force de la majorité présidentielle au Congo, a annoncé, en avril dernier à l’issue d’un congrès extraordinaire, qu’une réforme de la Constitution visant à permettre au président Denis Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat constituerait « une violation des institutions ».
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