(Agence Ecofin) - Les trois ministres du gouvernement burundais issus du principal parti à dominante tutsi du pays, l'Union pour le progrès national (Uprona), ont démissionné les 4 et 5 février, suite au limogeage du premier vice-président appartenant à la minorité tutsie Bernard Busokoza par le président issu de la majorité hutue Pierre Nkurunziza.
Le ministre chargé du Développement communal, Jean-Claude Ndihokubwayo, avait démissionné dans l’après midi du mardi 4 février. Il a été suivi dans la soirée, puis le 5 février, par les ministres de la Communication, Léocadie Nihaza, et du Commerce, Victoire Ndikumana. «C'est fait, le parti Uprona ne fait plus partie du gouvernement», a annoncé le porte-parole de du parti, Tatien Sibomana.
L’Uprona partageait jusque-là le pouvoir avec le Cndd-FDD, la formation du président Pierre Nkurunziza qui représente l’ethnie hutue majoritaire dans ce pays qui a été durant plus d’une décennie (1993-2005) le théâtre d'une sanglante guerre civile nourrie par des conflits ethniques. Alors que tous les autres partis avaient boycotté les élections générales de 2010, l’'Uprona était la seule formation politique burundaise qui, à part le parti présidentiel au pouvoir, avait participé à ce scrutin.
L'Uprona était depuis représentée au gouvernement par un vice-président et trois ministres.
Mais le parti tutsi s’est opposé ces derniers mois au Cndd-FDD sur des sujets sensibles comme un éventuel troisième mandat du président Nkurunziza, la révision de la Constitution et la répartition des terres.
La Constitution burundaise, issue des accords de paix, garantit un partage du pouvoir entre Hutu (85% de la population) et Tutsi (14%), qui s'articulait jusqu'ici autour du tandem Cndd-FDD/Uprona. En outre, la commission chargée d'arbitrer les litiges fonciers hérités de la guerre civile est accusée de favoriser les Hutus. Mais la goutte qui a fait déborder le vase a été le limogeage, le 1er février, par le président Pierre Nkurunziza de son premier vice-président, Bernard Busokoza, tutsi et membre de l'Uprona, suite à un conflit avec le ministre de l'Intérieur sur la question sensible de la nomination du chef du parti tutsi.
M. Busokoza, avait décidé le 31 janvier d’annuler unilatéralement la décision du ministre de l’Intérieur de limoger le président de l'Uprona, Charles Nditije, au profit d'un proche du Cndd-FDD, Bonaventure Niyoyankana. Mais le ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana, a rejeté cette décision, et le président Nkurunziza a donné raison à son ministre de l'Intérieur, en destituant M. Busokoza.
Au Burundi, le ministre de l’Intérieur a pris l’habitude de s’arroger le droit de désigner les dirigeants de partis d’opposition, en invoquant la loi à chaque fois qu’ils traversent une crise.
La nomination par le pouvoir d’un nouveau président de l’ancien parti unique a été cependant perçue comme une «tentative de noyautage à l'approche d'échéances électorales majeures».
Suite au retrait définitif de l’Uprona du gouvernement, un porte-parole de la présidence a assuré que des contacts étaient en cours pour retourner à une «situation normale». Mais plusieurs personnalités du parti tutsi approchées par la présidence ont refusé d’occuper les trois postes ministériels vacants.
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