(Agence Ecofin) - Le général Abdel Fattah Al-Sissi a finalement été entendu. La semaine passée, les Etats Unis sanctionnaient l’armée égyptienne en ajournant une livraison d’avions F16. Aujourd’hui, Washington a finalement pris position en faveur de l’intervention militaire : « Des millions et des millions de gens ont demandé à l'armée d’intervenir. Tous avaient peur d'une descente dans le chaos et la violence. Et l'armée n'a pas pris le pouvoir d'après ce que nous pouvons en juger jusqu'à présent. Pour conduire le pays, il y a un gouvernement civil. En fait, elle rétablissait la démocratie » a déclaré le Secrétaire d’Etat John Kerry.
Dès lors, le Qatar a annoncé la livraison en Egypte d’une cargaison de gaz naturel liquéfié au titre de son « aide au peuple égyptien frère », interrompant ainsi son embargo consécutif à la destitution de Mohamed Morsi.
En revanche, le vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag a déploré le revirement américain : « L’armée a-t-elle aussi établi la démocratie aux Etats-Unis et en Europe ? Un coup d’Etat ne construit pas la démocratie, au contraire, il démolit et massacre la démocratie », a-t-il déclaré.
Des arguments de poids
Dans une interview accordée au Washington Post, le chef d’état-major égyptien avait tenté de convaincre la communauté internationale du bien fondé de l’intervention de l’Armée : « Ce que je veux que vous sachiez et ce que je veux que les lecteurs américains sachent, c'est qu'il s'agit d'un peuple libre qui s'est révolté contre un ordre politique injuste, et ce peuple libre a besoin de votre soutien »
Considérant que les Frères musulmans étaient en train de s’accaparer tous les leviers du pouvoir et de ruiner le pays, M. Al-Sissi avait estimé de son devoir d’intervenir : « Si nous n'avions pas agi, cela se serait transformé en guerre civile. (…) Les valeurs de liberté et de démocratie sont-elles uniquement valables dans vos pays (...) ? Vous avez laissé tomber les Egyptiens, vous leur avez tourné le dos, et ils ne l'oublieront pas » a-t-il asséné. Ses arguments semblent avoir porté.
Ni Morsi ni Al-Sissi
Les Etats Unis, l’Union européenne et l’Union africaine se sont succédés au Caire ces derniers jours pour tenter de renouer le dialogue.
Les partisans de M. Morsi auraient assuré au numéro 2 du département d'Etat américain, Williams Burns, qu’ils respectaient et reconnaissaient les manifestations de masse qui ont conduit à la chute de leur président. Ils sembleraient disposés à ouvrir le dialogue avec les autres partis et à renoncer à leur exigence de retour de Mohamed Morsi au pouvoir dès lors que le général Abdel Fattah al Sissi s’engagerait, lui aussi, à rester à l'écart de tout accord politique.
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