(Agence Ecofin) - Le président burundais Pierre Nkurunziza a limogé, dans la soirée du 1er février, son premier vice-président, Bernard Busokoza (photo), en conflit avec le ministre de l'Intérieur sur la question sensible de la nomination du chef du principal parti tutsi, l'Union pour le progrès national (Uprona). «Le premier vice-président de la République a failli à sa mission première d’assister le président de la République. L’honorable Bernard Busokoza est démis de ses fonctions », a déclaré le porte-parole présidentiel, Léonidas Hatungimana, lors d’une conférence de presse, sans autre précision.
M. Busokoza a décidé le 31 janvier d’annuler unilatéralement la décision du ministre de l’Intérieur de limoger le président de l'Uprona, Charles Nditije, au profit d'un proche du parti au pouvoir, Bonaventure Niyoyankana, qui avait déjà dirigé le parti tutsi de 2009 à 2012.
Mais le ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana, a rejeté cette décision, et le président Nkurunziza a donné raison à son ministre de l'Intérieur, en destituant M. Busokoza, en désaccord sur plusieurs sujets politiques et constitutionnels avec lui. Dans un communiqué lu à la presse par le porte parole de la présidence, le Chef de l’Etat burundais a accusé «l'ancien premier vice-président de n'avoir jamais pu distinguer ses fonctions de celles d'un président de parti politique».
Bernard Busokoza, un Tutsi issu du parti Uprona, a été nommé au poste de premier vice-président en octobre 2013, en remplacement d'un autre-vice président réputé proche du pouvoir. Il s'est heurté très vite au président Nkurunziza, un Hutu issu de l'ex-principale rébellion hutue du Cndd-FDD, au pouvoir depuis 2014, notamment sur le projet contesté de révision de la Constitution et un éventuel troisième mandat de Nkurunziza, selon des sources concordantes. L'Uprona participe au gouvernement, mais s'oppose depuis plusieurs mois au Cndd-FDD sur des sujets clés comme un éventuel troisième mandat du président Nkurunziza ou encore la répartition des terres.
Au Burundi, le ministre de l’Intérieur a pris l’habitude de s’arroger le droit de désigner les dirigeants de partis d’opposition, en invoquant la loi à chaque fois qu’ils traversent une crise. Mais l’initiative du ministère de l’Intérieur ne passe pas auprès des militants de l’Uprona.
La nomination par le pouvoir d’un nouveau président de l’ancien parti unique a été perçue comme une «tentative de noyautage à l'approche d'échéances électorales majeures». Quelque 200 militants de l’Uprona ont passé, le 31 janvier, des dizaines d’heures dans un face-à-face tendu avec des policiers dépêchés à la permanence du parti pour permettre l’installation du président désigné par le pouvoir. Ces militants en colère ont accusé Bonaventure Niyoyankana d’être «un traître à la solde du parti Cndd-FDD».
Le Burundi a connu durant plus d’une décennie (1993-2003) une guerre civile qui a opposé l'armée, alors dominée par la minorité tutsie, à des mouvements rebelles hutus. Aujourd'hui, l'armée et la police sont composées de 50% de Hutus et de 50% de Tutsis, conformément à une constitution issue d’un accord de paix conclu en 2005.
Au Burundi, le Sénat, paritaire entre les deux principales ethnies, doit notamment approuver les nominations de hauts responsables du pays en veillant à ce que l'équilibre ethnique soit respecté.
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.