(Agence Ecofin) - Depuis son apparition fin 2019, la Covid-19 a secoué plusieurs secteurs de l’économie mondiale, poussant leurs acteurs à chercher des moyens pour se réinventer. Plusieurs se sont tournés vers les technologies de l’Industrie 4.0, dont le niveau d’adoption ne cesse de croître. Dans le secteur minier, longtemps resté à la traîne concernant les nouvelles technologies, entreprises, organisations et preneurs de décisions semblent changer de mentalité alors qu’ils sont confrontés à de nouveaux défis en matière d’efficacité, de durabilité et de sécurité.
La crise sanitaire en cours dans le monde a accéléré l’adoption de l’Internet industriel des objets (IIoT) dans le secteur minier. Alors que ce dernier a longtemps accusé du retard par rapport aux autres secteurs, une étude publiée l’année dernière par l’entreprise britannique Inmarsat révèle une importante progression entre 2020 et 2021. En effet, à en croire la société active dans la communication par satellite, 83 % des acteurs de l’industrie minière qu’elle a interrogés ont déjà fini de déployer au moins un projet sur l’IIoT, soit une considérable évolution par rapport à 2018 où seulement 2 % de l’échantillon sondé avait franchi ce cap. Les autres sont soit en phase d’expérimentation, soit préparent une expérimentation ou le déploiement d’un projet dans les deux années à venir. Soulignons que 43 % des répondants proviennent de l’Amérique, 23 % de la région EMEA (Europe Moyen-Orient et Afrique) et 33 % de l’APAC (Asie Pacifique).
Contexte Covid-19
Selon le rapport d’Inmarsat lu par l’Agence Ecofin, 81 % des répondants du secteur minier ont indiqué qu’ils ont accéléré ou prévoient d’accélérer l’adoption de l’IIoT en réponse aux défis liés à la pandémie de Covid-19. 47 % ont noté que les défis de la pandémie ont démontré l’importance l’Internet des objets et de l’automatisation pour assurer le succès de leurs entreprises. Les raisons qui motivent les entreprises minières à accélérer le déploiement des projets d’IIoT reflètent ces défis et comprennent, apprend-on, l’amélioration de la durabilité environnementale, une meilleure prise de décision, l’augmentation de la productivité du personnel, les économies de coûts, une plus grande automatisation et l’amélioration de la santé et de la sécurité. Pour ce qui est des cas d’utilisation, les principaux domaines cités vont des véhicules de transport automatisés à la surveillance des forages, de la télémétrie des véhicules, le contrôle des machines, en passant par la surveillance des installations et le suivi de la chaine d’expédition et d’approvisionnement.
« La crise de la covid-19 n’a fait qu’accélérer le rythme d’adoption de l’Internet des objets [IDO] dans de nombreuses entreprises minières et nous constatons aujourd’hui que les entreprises qui accélèrent la vitesse d’adoption de l’IDO et des technologies associées prennent l’avantage […] », a commenté Nicholas Prevost, le directeur de l’innovation minière chez Inmarsat.
Plusieurs défis à relever pour le futur
Si la crise sanitaire s’est affirmée comme le catalyseur dont l’industrie minière avait besoin pour s’approprier plus rapidement les nouvelles technologies, il faut noter que plusieurs problèmes inhérents au secteur rendaient déjà l’adoption des technologies de l’industrie 4.0 inévitable puisque les entreprises doivent penser efficacité, durabilité et rentabilité. Citons notamment la volatilité des prix, les problèmes de la chaine d’approvisionnement, l’évolution du paysage réglementaire et les changements de comportement des investisseurs.
Toutefois, pour un véritable essor de l’IIoT dans l’industrie minière, plusieurs défis restent à relever. Le premier porte sur la fiabilité de la connectivité. 92 % des entreprises industrielles font face à des difficultés de connectivité lors des expérimentations et 72 % déplorent l’inadéquation des réseaux publics terrestres à leurs besoins associés à l’IDO selon le rapport d’Inmarsat. Contourner ce challenge est crucial surtout pour les entreprises dont les sites sont implantés dans des zones éloignées avec une faible ou quasi inexistante connectivité terrestre afin de rester dans la course et surtout pour rentabiliser leur investissement.
Les autres défis concernent notamment la gestion des données, mais surtout le manque de compétences adéquates en interne pour le déploiement de projets IIoT. Pour espérer davantage de résultats concrets, le secteur minier devra également trouver des solutions à des questions comme les menaces à la sécurité, mais également augmenter les niveaux d’investissement dans les projets IIoT.
Louis-Nino Kansoun
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