(Agence Ecofin) - Au niveau mondial, les négociants de matières premières - Glencore, Vitol, Trafigura, Gunvor, Cargill, Archer Daniels Midland, Louis Dreyfus, Wilmar, Noble, Mitsubishi, Mitsui - ont empoché $ 250 milliards entre 2003 et 2012, rapporte le Financial Times. Leurs revenus nets dépassent ceux combinés des plus grandes banques de Wall Street, comme Goldman Sachs, JP Morgan Chase et Morgan Stanley. Ils dépassent aussi ceux rassemblés de Toyota, Volkswagen, Ford, BMW et Renault.
En 2012, les 20 premières maisons de négoce au niveau mondial ont enregistré un revenu net de $ 33,5 milliards.
Le quotidien des affaires met en exergue la formidable montée en puissance de ces groupes durant la dernière décennie. A l’aune de l’essor économique de la Chine et des autres pays émergents, les volumes de matières premières échangés ont connu un essor sans précédent, instaurant un « supercycle » de ces produits et de leurs prix : selon le Département américain de l'agriculture (USDA), les échanges de céréales ont bondi de 20 % entre 2001 et 2010, contre moins de 2 % sur les dix années précédentes et une baisse de 0,9 % entre 1981 et 1990, notait hier Lemonde.fr.
Ceci a bénéficié à tous ces groupes, sans oublier les bénéfices que certains ont glané en diversifiant leurs activités de négoce pur pour embrasser celles d’investisseurs dans la production, que ce soit dans les champs pétroliers, dans les mines et dans la terre agricole.
Si certaines de ces maisons de négoce sont cotées en bourses, leurs chiffres étant donc publics, un grand nombre d’entre elles sont privées, souvent des groupes familiaux, avec des résultats qui ne sont pas toujours connus du grand public. «Symbole d'une nouvelle domination dans les échanges de matières premières, les places financières asiatiques entrent dans la course pour devenir le "hub" de prédilection des traders. Singapour, qui offrait déjà, sous certaines conditions, un taux presque imbattable de 5 % d'imposition, voit son offre fiscale concurrencée par Shanghaï, Hongkong et Kuala Lumpur dans la course aux marchés émergents », soulignait hier Le Monde.fr. « Ces destinations sont synonymes d'une optimisation fiscale forcenée : selon le FT, les négociants s'en sortent avec un taux d'imposition compris entre 5 et 15 % grâce à des implantations choisies sous les auspices cléments que sont la Suisse, Chypre, les Pays-Bas ou Singapour. A titre de comparaison, l'industrie minière et pétrolière s'acquitte d'un taux de 30 à 45 %, et les banques paient environ 20 % d'impôt. »
Des chiffres qui sont un pavé dans la marre à un moment où chacun crie au loup face à des prix de matières premières notamment agricoles, alimentaires, qui demeurent très élevés. Toutefois, ces groupes ressentent le ralentissement de l’activité mondiale. En outre, les marchés des matières premières sont devenus plus transparent et la concurrence s’est accentuée, souligne encore el Financial Times. Un retour de balancier qui risque d’avoir un impact majeur sur l’ensemble du marché financier mondial.
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