(Agence Ecofin) - «Comment obtenir une croissance économique indispensable tout en préservant l’environnement?» Telle est la question que se sont posés les auteurs du Rapport 2012 de la CNUCED sur le développement économique en Afrique.
Le constat est clair : le reste du monde afflue sur le continent en quête de ressources qui se raréfient partout ailleurs, alors que les Africains continuent à enregistrer une consommation intérieure de matières par habitant très faible, de l’ordre de 5,3 tonnes en 2008, soit environ deux fois moins que la moyenne mondiale.
Mais la consommation intérieure de matières va inévitablement augmenter avec la croissance démographique et l’amélioration du pouvoir d’achat. Aussi faut-il une planification rigoureuse sur le plan intérieur et un renforcement de l’aide financière et des transferts de technologie internationaux pour permettre, selon le rapport, une «transformation structurelle durable».
L’enjeu est de moderniser les économies, de développer les capacités industrielles, en ayant une utilisation et une consommation efficaces des ressources naturelles intérieures. «L’expérience passée a montré que l’industrialisation et la transformation structurelles - c’est-à-dire le passage de la production économique à des biens de plus grande valeur, plus variés et plus complexes - se sont souvent faites au détriment de l’environnement, par une utilisation intensive des ressources naturelles», soulignent les auteurs qui entendent bien que ce ne soit pas le cas en Afrique et qui se félicitent qu’une consommation intensive d’énergie et de matières premières ne soit pas encore apparue sur le continent.
«Compte tenu des niveaux actuels de technologie et de savoir-faire, et du fait que les pays économiquement avancés doivent eux aussi accomplir la transition difficile vers une production «verte», il serait possible, et souhaitable, que les pays africains s’engagent directement dans cette voie», déclarent les auteurs.
L’Afrique ne représentait que 7,2 % de la consommation mondiale totale de matières en 2008, contre 6,8 % en 1980. Néanmoins, l’utilisation intérieure de matières a augmenté de 92 % entre 1980 et 2008. L’utilisation d’énergie reste faible, n’ayant augmenté que de 16,3 % sur la même période et la CNUCED exhorte le continent à se tourner vers l’éolien, le solaire et l’hydroélectrique. Elle ajoute que le développement de l’agriculture biologique s’est avéré constituer un moyen écologiquement viable d’augmenter les récoltes, d’assurer des prix plus élevés aux exploitants et d’inciter les populations à rester dans le secteur agricole plutôt que de rejoindre les vastes mouvements migratoires vers les villes du continent.
Ainsi, le rapport fait valoir que l’Afrique ne doit pas faire sienne la stratégie adoptée par les pays industrialisés actuels consistant à privilégier la croissance immédiate en remettant à plus tard les considérations environnementales. Toutefois, concède la CNUCED, «une transformation structurelle durable sera difficile à mettre en œuvre en Afrique, et il n’existe pas de solutions toutes faites. Il appartiendra à chaque pays de mettre au point des stratégies et des politiques en fonction de ses priorités sectorielles, de ses ressources prioritaires, de ses problèmes d’environnement, de sa situation de départ et de ses capacités intérieures».
Les pays africains qui auraient déjà bien progressé dans cette voie sont notamment le Kenya, Maurice et l’Afrique du Sud et, ailleurs dans le monde, la Chine.
UMA Fairs Ground, Kampala, Ouganda.