Madagascar : la résistance s’organise sur le net contre l’accaparement des terres
(Agence Ecofin) - A Madagascar, la terre est un sujet de passion. De plus en plus de citoyens se mobilisent sur le net contre la multiplication des expulsions arbitraires dans un pays qui n’est quasiment plus gouverné depuis une trentaine de mois.
Le site fokonolona-mivao.org a ouvert un forum à l’adresse www.evernote.com/pub/ateliertany/FMivao pour inviter les Malgaches à témoigner et à proposer des actions collectives pour protéger les victimes d’expulsions arbitraires. Les récits sont éloquents : expulsion manu militari d’une vingtaine de familles à Mahajanga, ventes, dans la région d’Ambanja, de terrains occupés à une société de plantation de cacao peu disposée à négocier, dépossession d’héritage parental dans la région Sofia, expulsion de paysans, etc.
D’autres collectifs se font écho de ces abus, notamment la Coalition Paysanne de Madagascar ou encore le Collectif pour la défense des Terres malgaches (http://terresmalgaches.info).
Les victimes d’expulsions arbitraires avaient trouvé en la ministre de la Population, Nadine Ramaroson, une défenseuse acharnée qui, selon le récit écrit d’un témoin à Mahajanga, était allée jusqu’à retourner des forces de l’ordre contre les actions de son confère, ministre de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, Hajo Andrianainarivelo.
Début août, la ministre s’était vivement opposée au Général Ravalomanana, responsable de l’Emmo-Reg (Etat major regroupant la gendarmerie, l’armée et la police), l’accusant ouvertement sur son blog personnel « d’avoir menti pour justifier les arrestations violentes et arbitraires » dans le cadre d’un litige foncier opposant des paysans et une société pharmaceutique.
En retour, ses détracteurs la taxaient volontiers de populiste.
Le 28 août dernier, la ministre décédait accidentellement dans l’explosion et le naufrage du bateau qui la ramenait de l’Ile de Sainte Marie. Toutes les hypothèses ont naturellement circulé pour expliquer ce décès brutal. Quoi qu’il en soit, devenus orphelins, il ne reste plus aux Malgaches victimes de l’arbitraire, que le web pour tenter de faire entendre leur voix.