(Agence Ecofin) - Plus de 190 pays participent du 28 novembre au 9 décembre à Durban (Afrique du sud) à la 17ème Conférence des Parties (COP 17) à la Convention Cadre des Nations-unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) de l'ONU avec pour objectif de d’enclencher une dynamique permettant de réduire drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre pour limiter la hausse de la température de la planète à +2°C.
Malgré quelques avancées notables obtenues lors des conférences de Copenhague 2009 (COP 15) et de Cancun 2010 (COP 16), aucun engagement contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’a pu être adopté. Le sommet de Copenhague a été incapable de prolonger et d’amplifier les engagements du protocole de Kyoto pour la période 2012 à 2020 et à Cancun, les Etats se sont contentés d’esquisser des mécanismes de financement de l’adaptation au réchauffement climatique.
Or depuis quelques mois différents rapports du GIEC, de l’Organisation météorologique mondial (OMM), de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) et du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) soulignent l’extrême urgence de la situation climatique de la planète et indiquent un pic record de concentrations de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère en 2010 qui se traduit par une hausse des fréquences des inondations, des sécheresses...
A quelques jours de la fin de cette réunion cruciale, voici quelques enjeux clés qui y sont débattus et nous ferons la semaine prochaine un point régulier sur les résultats et les impacts de cette négociation climatique.
Extension du protocole de Kyoto et définition d’une architecture climatique globale
L’un des enjeux de ce sommet est certainement la reformulation et l’adoption d’une feuille de route vers une architecture climatique globale d’ici 2015, équitable, finançable et juridiquement contraignante pour tous les pays notamment pour le plus gros pollueurs (Etats Unis) et les émergents (Chine, Brésil, Inde, Afrique du Sud…).
Le protocole de Kyoto qui s’achève en 2012 est aujourd’hui le seul outil juridique contraignant qui limite les émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement de la planète. Initié en décembre 1997 lors de la 3eme conférence annuelle de la Convention (COP 3) à Kyoto (Japon), il est entré en vigueur en 2005 avec pour objectif de réduire de 5,2%, par rapport aux émissions de 1992, les six principales substances (dioxyde de carbone, méthane, dioxyde d'azote et trois substituts des chlorofluorocarbones), responsables du réchauffement de l'atmosphère. Il impose par exemple aux 36 pays industrialisés et à l’Union européenne qui l'ont ratifié, des « objectifs différenciés » d’ici 2012 : -8% pour l'UE, +15,0% pour la Russie, -6% pour le Japon…
Il semblerait que seulement quelques pays, représentant 16% des émissions mondiales, souhaitent une extension du protocole de Kyoto au delà de 2012.
Faire respecter les promesses de dotation de 100 milliards $/an pour le fonds vert
A Cancun, un large consensus s’était dégagé pour doter un nouveau fonds vert pour le climat de 100 milliards $ par an afin d’accompagner les pays en voie de développement dans la lutte contre le changement climatique.
Dans un contexte de tension budgétaire des principaux donateurs occidentaux, la question de l’additionalité par rapport à l’aide publique au développement (APD) et de la mobilisation de ce montant par le marché carbone et des financements dits « innovants » (taxe sur les transactions financières...) se poseront aux négociateurs. L’opérationnalisation et la gouvernance du fonds vert climat sera aussi un thème important de discussion.
Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, incite fortement les gouvernements à respecter leurs décisions et à abonder au fonds vert. « Ce ne doit pas être une coquille vide (...) Les gouvernements doivent y apporter les 100 milliards de dollars promis. Cela pourrait être un résultat concret et positif de Durban », a-t-il indiqué le 9 novembre.
Conforter la place de l’Afrique dans une stratégie globale de lutte contre le changement climatique
L’Afrique est la principale victime du changement climatique avec déjà 300 millions de personnes (1/3 de sa population) vivant dans les zones de sécheresse, alors que c’est le continent qui pollue le moins avec moins de 5% des émissions de gaz à effet de serre pour l'Afrique subsaharienne.
D’ici 2020, les spécialistes avancent que 75 à 250 millions de personnes supplémentaires en Afrique seront victimes des changements climatiques (épuisement des ressources en eau, baisses des rendements agricoles, perte de biodiversité, montée du niveau des mers…).
L’Afrique qui ne dispose pas, pour l’instant, d’une diplomatie climatique robuste face aux équipes de négociateurs internationaux, se laisse influencer par les stratégies climatiques des grandes puissances (Chine, Etats Unis, pays du Golfe, Union européenne…)
« En raison de son très faible pouvoir économique et de son fort besoin de financement, l'Afrique peine à imposer son point de vue dans les négociations climatiques. Elle cherche à convaincre et non à exiger » estime un négociateur.
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