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Les éditeurs de solutions bancaires à la conquête des banques africaines

  • Date de création: 28 janvier 2012 09:33

(Agence Ecofin) - Les progiciels de gestion intégrée (PGI ou Enterprise Resource Planning – ERP, en anglais) sont au cœur de la gestion opérationnelle des systèmes d’information des banques africaines. Un mode de gestion qui évolue notamment avec l’arrivée du cloud et la persistance des offres basée des solutions open source. Face à l’attrait du marché africain, les éditeurs affûtent leur stratégie.

Le secteur bancaire, tout comme celui de l’industrie, sont de grands consommateurs de logiciels dit spécifiques. Près de deux tiers des logiciels sont développées en spécifiques (souvent auprès de SSII) contre seulement un tiers achetés « packagés » auprès d'éditeurs de progiciels. Mais aujourd’hui, l’implémentation d’ERP est de plus en plus plébiscitée par les banques. Progressivement, elles remplacent les solutions développées en interne par cette approche intégrée plutôt que la mise en place de différentes solutions logicielles hétérogènes.
« Ce qui laisse présager un marché de l'ERP bancaire dynamique dans les années à venir, notamment autour de la banque de détail » explique Caroline Andrieu, consultante spécialisée dans l’informatique bancaire chez Pierre Audoin Consultants. Si cette dynamique s’avère vraie pour le marché mondial et européen en particulier, en Afrique, la réalité est toute autre. En effet, les banques africaines ont été parmi les premières à adopter la « technologie progicielle » dès le début des années 90, explique Georges Ayoub, directeur commercial de Delta Informatique.

Cette situation s’est nettement amplifiée avec les mouvements de concentrations qui se sont opérés à partir des années 2000 entrainant l’émergence de nouveaux groupes bancaires. Cette période est justement propice au développement des investissements informatiques. A cette époque, la quasi-totalité des banques africaines a construit son Core Banking System sur des progiciels de gestion intégrée bancaires.   Redoutant les limites et les difficultés présentées par un SI hétérogènes, les banques africaines ont vite fait d’abandonner les développements spécifiques pour mettre en place des ERP « pour bénéficier d’une gestion intégrée qui offre à la fois des outils de management opérationnels performants et de pilotages stratégique,  notamment grâce à la génération de tableaux de bord agrégeant l’information pertinente », explique Ousseynou Diouf, consultant au cabinet PMC à Dakar.

Rationaliser et optimiser les processus métiers
L’objectif principal consistait à rationaliser les dépenses informatiques dans ce contexte de consolidation du secteur. Alors qu’en Europe, la plupart des systèmes d’information des grandes banques repose sur un existant spécifique,  construit à partir de briques hétérogènes acquis auprès de différents fournisseurs, en Afrique, ces mouvements de fusions & acquisition s’accompagnaient de la refonte de l’existant pour construire un nouveau système d’information. Les ERP arrivaient alors à point nommé.

 

Véritable colonne vertébrale des grandes entreprises, les ERP sont présents dans pratiquement tous les domaines de l’économie où les processus sont standardisés et industrialisés.
Le choix d’un ERP correspond à une importante orientation stratégique permettant d’aller vers un système d’information intégré pour rompre avec la logique purement comptable. Grâce aux ERP, les banques assurent le traitement de plusieurs millions de flux issus des opérations internes générés par le front-office et sans perte d’information. Il y a aussi une logique orientée client en vue d’une fidélisation. Cela est d’autant plus important que les banques sont confrontées à une concurrence de plus en plus rude. L’arrivée d’une nouvelle réglementation, plus contraignante en matière de transparence, notamment sur les coûts et plus globalement sur la facturation, oblige les banques à investir dans leur système d’information. La démocratisation des outils technologiques comme Internet a permis aux progiciels de s’adapter aux nouvelles exigences du marché bancaire, notamment dans les domaines réglementaires et fonctionnels comme la « télécompensation », désormais imposée par les banques centrales.

Les ERP open source rentrent aussi dans la danse
Présentant un avantage indéniable notamment sur le prix des licences, les solutions basées sur l’open sources permettent d’économiser sur les prix des licences. En Afrique, les principaux acteurs comme Compiere ou encore Nexedi EPR5 croient au potentiel offert par le marché africain. En 2008, le déploiement d’EPR 5 de Nexedi par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, regroupant 8 pays, avait relancé le débat sur l'opportunité des progiciels de gestion intégrée open source. « Basé sur une grappe de serveurs Linux de 32 nœuds, la plate-forme exécute jusqu'à 5000 workflows par heure et 3000 tests automatiques quotidiens pour assurer le contrôle de la qualité », explique un expert. Cependant, l’open source comporte des inconvénients comme « son ergonomie encore perfectible, sa configuration nécessitant des compétences techniques, sa pléthore de versions ou des distributions d’un même logiciel-racine, son manque d’outils de d’administration d’entreprise », déplore Ousseynou Diouf.

Les ERP entrent dans le nuage
Les grands éditeurs ERP propriétaires sont de plus en plus attirés par l’Afrique. Tememos, SAB, IFlex, ERI Bancaire, Delta Informatique, Vermeg, SAP, Oracle, Sage, etc. développent des stratégies d’implantation de plus en plus spécifiques à l’endroit du continent noir.

Ils doivent cependant fournir des efforts de démocratisation des solutions proposée, surtout au niveau du coût des licences, du développement des compétences, du support des utilisateurs et de la relation avec les décideurs. Avec l’arrivée du cloud, ces éditeurs devraient pouvoir rationnaliser leur approche en adaptant leurs offres de services.

Pratiquement tous les éditeurs suivent cette nouvelle tendance apportée par le cloud. Il s’agit de fournir en direct des solutions ERP en mode Software as a Service (SaaS).

Une approche qui permet de mutualiser les ressources. Dans un contexte économique très difficile, la pertinence du choix d’un modèle SaaS trouve tout son sens pour remplacer des investissements lourds en licence et en matériels par la souscription d'un abonnement mensuel, indique une étude publiée par Markess. L’étude indique que l’on devrait s’attendre au recours au modèle SaaS dans les deux prochaines années. Pourtant, malgré tout son intérêt, certains spécialistes relativisent sa rapide généralisation en parlant plutôt d’une adoption de l'ERP en mode SaaS fonction par fonction (La comptabilité-finance, la gestion des achats et la gestion commerciale en priorité). Il est assez rare que l'entreprise implémente l'ERP complet en un seul projet. Parmi les offres les plus en vue, on peut citer l’offre Business ByDesign de SAP qui s’adresse à des entreprises, à partir de 20 à 25 utilisateurs pour un coût variant de 10 000 € pour le module CRM à 30 000 € pour l'ensemble de l'ERP ou encore celle de Sage ERP X3.  Le mode SaaS devient ainsi une alternative naturelle aux modèles « licence en ASP » et « licence sur le site du client ou classiques » en proposant un choix complet de solutions pour les clients de toute taille et de tous secteurs d'activité.

Article de Mohamadou Diallo, paru dans le magazine CIO Mag No 19 – Décembre 2011.

www.cio-mag.com

Différentes stratégies d’implantations des acteurs

La plupart des intégrateurs et éditeurs ont jusqu’alors développé différents types de stratégies d’implantation. Si certains acteurs ont choisi de s’implanter en construisant un écosystème durable basé sur des filiales ou sur des partenariats de représentation, d’autres se sont montrés plutôt opportunistes pour limiter les risques et réduire les investissements. 

SAP revoit sa stratégie en Afrique
Dans ce dernier registre, SAP affiche la couleur. Historiquement, l’éditeur allemand avait toujours concentré ses efforts vers les entreprises des secteurs miniers, pétroliers et vers les opérateurs de télécommunications, les banques et les administrations centrales dans les pays anglophones parmi lesquels figurent l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya et le Nigeria et le Maghreb dans une moindre mesure. Aujourd’hui,  l’éditeur allemand revoit sa stratégie pour mieux servir le marché africain dans sa globalité et vise davantage les opérateurs de télécommunications, les administrations et les banques dans les pays francophones.

D’ailleurs, SAP vient d’ailleurs de nommer un représentant pour couvrir le marché de l’Afrique de l’Ouest.

Sage, un réseau de longue date
En revanche, Sage, le troisième éditeur mondial dans les ERP a développé une stratégie à l’opposé de celle de SAP en développant une proximité avec les donneurs d’ordre. Se positionnant sur le mid-market, Sage occupe une place importante sur le marché africain avec un important réseau de partenariats mis en place depuis plusieurs années.

Viveo, Delta, Eri…
Les éditeurs et intégrateurs ont aussi favorisé le développement local comme le français Viveo qui a développé un partenariat avec Roxsystems Technologies, spécialiste de l’externalisation des systèmes d’information et de l’infogérance des établissements financiers en zone BCEAO pour couvrir l’Afrique de l’Ouest. Pour sa part, Delta informatique a fait le pari d’ouvrir six filiales en Afrique avec une centaine d’employés et près d’une cinquantaine de partenaires indirects pour servir de support de proximité à ses opérations dans les 115 banques clientes en Afrique. L’éditeur suisse Eri Bancaire a réussi son entrée en intégrant l’Afrique via le Maroc. Avec de solides références auprès de grandes institutions financières et bancaires du Royaume, la solution Olympic Banking System commence à développer en Afrique.