(Agence Ecofin) - Et si la transformation des matières premières n’était pas le véritable défi que les économies africaines devaient relever? Dans un entretien accordé au site Financial Afrik, Philippe Chalmin s’est interrogé sur l’utilité de la démarche actuelle des pays africains en matière de transformation agricole.
En effet, le président fondateur de l’institut Cyclope (une organisation européenne spécialisée dans la recherche sur les matières premières et qui édite chaque année un rapport éponyme sur le sujet) est allé à contre-courant d’une opinion largement répandue. «Contrairement à ce qu’on pense, transformer sur place n’est pas gagné d’avance.» a-t-il affirmé, avant de poursuivre : «Il faut distinguer entre la première transformation qui consiste à broyer et à triturer et la deuxième transformation. Dans la première, on obtient un demi-produit avec un marché aussi erratique que celui de la matière première. Donc une marge extrêmement instable. On le connaît bien, c’est la marge de raffinage du pétrole, c’est la marge de transformation du cacao, de trituration des oléagineux. etc. C’est valable pour toutes les filières. Aussi, je me demande si cette activité de première transformation a un intérêt relatif d’autant plus qu’il s’agit d’une activité capitalistique et très peu créatrice d’emplois. D’un strict point de vue de l’analyse macroéconomique, je ne suis pas sûr qu’il faille concentrer les ressources à ce niveau.»
L’expert qui s’est dit favorable à l’idée que des nations restent exportatrices de matières premières à condition qu’elles sachent réutiliser les profits générés par cette activité, a insisté sur deux axes stratégiques susceptibles de favoriser le développement desdites nations : les ressources humaines et l’énergie.
Si l’opinion de Philippe Chalmin peut prêter à controverse, il n’en demeure pas moins vrai que le pari de la transformation locale de certaines matières premières agricoles comme le cacao, par exemple, se heurte divers obstacles qui affaiblissent la compétitivité du continent. Ainsi, souligne le guide des pratiques commerciales du cacao publié par le Centre du commerce international, les difficultés liées à l’entretien de l’équipement, la disponibilité de la matière première, la conservation, le transport et la commercialisation du produit final minent le développement du secteur de la transformation du cacao en Afrique.
Aaron Akinocho
Meknès, Maroc.