(Agence Ecofin) - Nouveaux doutes sur la fusion entre le groupe cimentier français Lafarge et son homologue Holcim. Le directeur général de Lafarge, Bruno Lafont, a affirmé dans un entretien publié le 5 avril sur les colonnes du quotidien français «Le Monde» que les conditions de la fusion avec Holcim ne seront plus modifiées. «Les parités financières ne bougeront pas, la gouvernance non plus », a déclaré M. Lafont.
«Onze mois après le premier projet, les conditions de marché avaient un peu évolué et nous l'avons donc amendé, tout en préservant le principe d'une fusion entre égaux», a-t-il poursuivi. A la demande d’Holcim, la parité d'échange avait alors été fixée à 0,90 action Holcim pour un titre Lafarge. Or, le milliardaire russe Filaret Galtchev (photo), qui détient 10,8% du capital d'Holcim via sa société Eurocement, a rejeté récemment le compromis conclu le 20 mars entre les deux groupes sur le projet de fusion.
L'augmentation de capital d'Holcim qui servira de support à l'offre d'échange doit être soumise aux actionnaires le 8 mai. Wolgang Reitzle, président du groupe Holcim, a déjà exclu la semaine écoulée de revoir les termes de la fusion. Il s'est dit prêt à accorder à Eurocement, la société de Filaret Galchev, un siège au conseil d'administration de la future entité, proposition immédiatement rejetée.
Outre la question de la parité, le compromis avait scellé celle du futur directeur général du groupe, élément crucial du projet. Le poste était initialement dévolu à Bruno Lafont, qui sera finalement co-président non exécutif de LafargeHolcim.
Le fonds américain Harris Associates a récemment porté sa participation dans le groupe st-gallois à 6,38%, ce qui en fait le troisième actionnaire. Il réserve lui aussi son jugement tant qu'il ne connaîtra pas le nom du futur directeur général.
Holcim doit convaincre les deux tiers de ses actionnaires d'approuver l'augmentation de capital le 8 mai prochain. Mais le scepticisme de plusieurs d'entre eux jette un doute sur la naissance annoncée du premier cimentier mondial.
Bruno Lafont pense toutefois que «la fusion n'est pas en danger». «Il est normal qu'il y ait débat. Jusqu'au dernier jour, certains diront peut-être qu'ils ne sont pas satisfaits. Mais au moment de voter, ils verront que leur intérêt est de permettre à cette fusion créatrice de valeur de se concrétiser», souligne-t-il.
La conclusion de l'accord définitif est prévue pour juillet prochain.
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