(Agence Ecofin) - En Afrique du sud, les experts sont très partagés sur le budget de rigueur pour l'année fiscale 2015/16 présenté le 25 février par le ministre Nene en charge des finances, et qui prévoit notamment la hausse des impôts sur le revenu (+1%), la première en 20 ans, et une augmentation des taxes sur les carburants, l'alcool et le tabac.
« Cela ne marchera pas. La seule chose qu'on puisse faire pour stimuler la croissance c'est d'accroitre les investissements, et la seule source de financement des investissements qu'on connaisse, c'est l'épargne. Apparemment, ce principe de base n'est pas bien compris de tous. Il est clair que les hausses d’impôts sont contre-croissance. Le pays a besoin de baisse d'impôts et le gouvernement lui veut les augmenter, cela va être difficile », a commenté Chris Hart, économiste en chef chez Investment Solutions, dans un débat radio diffusé en Afrique du sud.
Dans le même contexte, Mélanie Mileskie, une experte associée auprès de la firme d'audit Deloitte, a relevé pour sa part quelques aménagements qui rendront la hausse d'imposition moins pesante pour le pouvoir d'achat, en la répartissant par tranche de revenu. Les Sud-Africains qui gagnent le plus, devront payer plus d’impôts dans le cadre du réalisme fiscal. Seulement, on risque de voir des personnes payer plus d’impôts alors que l’inflation aura un effet de baisse sur leur pouvoir d’achat réel, malgré une hausse de leurs revenus.
Tsitsi Hakendi un expert d'Afena Capital, pense que dans ces conditions, les Sud-Africains dépenseront moins et par conséquent, les chiffres d'affaires des entreprises du secteur de la consommation vont en être impactés. Une réduction de volume qui ne manquera pas d’exercer une pression sur leurs marges et par conséquent sur le moral des investisseurs. Au final, le choix du renforcement budgétaire n'est pas sans danger pour l'économie réelle en Afrique du sud.
Pour Chris Hart, une seule solution était envisageable, réduire drastiquement les dépenses publiques. « Ils se comportent comme si dépenser était un droit de naissance. Ils doivent réduire fortement les dépenses et cela réduira aussi leur besoins en ressources», a-t-il fait savoir sur ce point précis.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.