(Agence Ecofin) - Prenant la parole dans le cadre d'une conférence qui s'est ouverte le 16 septembre au Caire sur l'économie égyptienne, Chris Jarvis, le chef de mission pour le Fonds Monétaire International dans le pays a salué les récentes décisions prise par le gouvernement en Egypte, qui, selon ses termes, permettront de renforcer l'économie et constituent des avancées importantes vers le droit chemin.
Dans le même contexte Keiko Honda, le vice-président et directeur général de l'Agence Multilatérale de Garantie d’Investissement (MIGA) une organisation membre du groupe de la Banque mondiale, a fait savoir que l'Egypte présentait aujourd'hui des opportunités d'investissement et que de toutes les façons, la MIGA était prête à soutenir les investisseurs pour la mitigation des risques existants.
L'arrivée du président Al Sissi à la tête du pays semble avoir redonné un coup d'air frais à l'environnement socio-politique en Egypte. Même si des situations d'insécurité très isolées demeurent, l'environnement dans son ensemble apparait comme étant apaisé et le gouvernement peut désormais afficher ses ambitions avec un certain optimisme.
Preuve de cette sérénité retrouvée, le pays a lancé un méga projet, celui de la construction d'un nouveau Canal de Suez.
Intervenant lui aussi dans le cadre de la conférence, Hany Qadry Dimian, le ministre égyptien des finances a déclaré que l'objectif du gouvernement sur les trois prochaines années, était de parvenir à une croissance de 5% à 6%.
Pourtant on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le point de savoir jusqu'où l'Egypte pourra reformer son économie et surtout pour quel impact. Le pays semble bien résister à la suppression des subventions aux hydrocarbures, une question qui était très sensible dans le pays. Les défis économiques pour le gouvernement égyptien demeurent nombreux et complexe. Dans un rapport publié début septembre par la Banque Africaine de Développement-BAD) sur l'Afrique du nord, il est ressorti que les performances économiques étaient déjà relativement robustes au moment où surviennent les printemps arabes et les crises socio-politiques qui s'en sont suivies. Pour ce qui est de l'Egypte par exemple, le rapport met en évidence le fait que, durant la période 2000 à 2010, la croissance globale du produit intérieur brut (PIB) a tourné autour de 4,9% et sur les cinq dernières années avant le printemps arabe, la croissance du PIB par habitant frôlait les 4,3%.
Simplement, relève le rapport, le pays souffrait de deux problèmes majeurs, un développement insuffisamment inclusif et un marché du travail à deux visages, où, dans le cas de l'Egypte par exemple, 50% des personnes exerçant un métier, sont soit sous-payées, soit dans le secteur informel, ce qui renforce davantage l’iniquité et les inégalités.
« Le fait que des pans importants de la population n'aient pas tiré parti de ce progrès général reste préoccupant. Les indicateurs de pauvreté non liés au revenu ne se sont pas améliorés dans la même proportion que ceux basés sur le revenu. Par ailleurs, les enquêtes disponibles peuvent sous-estimer l’accentuation des inégalités parce qu'elles ont tendance à exclure les familles les plus riches, qui ont probablement vu leurs revenus augmenter très fortement » peut-on lire dans le document
Sur ces questions, qui restent d'actualité pour des millions d'Egyptiens, la stratégie du nouveau gouvernement égyptien n'est pas très clairement connue.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.