(Agence Ecofin) - Les mots étaient choisis, mais Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a bien fait savoir au parlementaires nigérians que le gouvernement devrait expérimenter « une gestion plus flexible » des taux de change et une politique monétaire « accommodante pour les affaires », afin de faire face à la compétitivité internationale, dans un contexte de baisse continue des prix du pétrole.
Celle qui, hier, était « impressionnée » par la réponse nigériane faite aux conséquences de la baisse des prix du pétrole, a partagé sa propre vision de ce que le Nigéria devrait faire.
1) Elargir l'assiette fiscale afin d'optimiser la mobilisation des ressources budgétaires. « Par exemple, la Taxe sur la Valeur Ajoutée au Nigéria est l'une des plus faible au monde, et bien derrière celle des autres pays membres de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest), il faudrait considérer une possibilité de la relever », a-t-elle suggéré.
2) La DG du FMI a aussi prescrit au pays, qui devra certainement faire face au creusement de son déficit, de contrôler son endettement. L'argument avancé est de taille. Pour chaque naira (monnaie nigériane) collecté par le trésor, 35 centimes (kobo) sont affectés au service de la dette. Le pays doit pourtant faire face à une demande croissante de services publics et d’infrastructures pour une population en forte croissance.
3) La troisième recommandation exprimée est l'amélioration de la qualité des infrastructures, notamment énergétiques, qui pourtant sont gourmandes en financements.
Des choix conseils qui seront difficile à suivre par la première économie d'Afrique. Face à son déficit budgétaire qui est prévu à 12 milliards $ en 2016, son gouvernement a déjà prévu d'emprunter jusqu'à 9 milliards $ pour amortir le gap. Une part importante de ces emprunts sera effectuée au plan local. Par ailleurs, avec la persistance de la baisse des prix du pétrole, le très conservateur président Muhamadu Buhari a déjà consenti une certaine flexibilité dans la gestion de sa monnaie.
Une souplesse n'est cependant pas à l'ordre du jour pour ce qui est de la gestion des réserves de change. Vers la fin d'année 2015, la Banque centrale avait pris des mesures visant à restreindre l'accès aux réserves de change. Un choix soutenu par le président nigérian qui veut en faire une oppportunité pour de renforcer les capacités du tissus productif local via la réduction des importations.
Christine Lagarde, qui se défendait hier d’être venue négocier un prêt au Nigéria, a tout de même proposé l'aide de son institution pour l'amélioration des ressources en interne. « Le FMI peut aider à cet effet, en fournissant une assistance technique à la gestion des finances publiques », a-t-elle exprimé.
Après le Nigéria, la directrice générale du FMI est attendue le 7 janvier 2016 au Cameroun, pays qui, bien que résilient, selon les propos de ses dirigeants, doit aussi faire face aux blocages provoqués par une balance commerciale déficitaire, des prix des matières premières en repli, des défis sécuritaires ainsi qu’une envolée de son endettement extérieur et de son déficit budgétaire.
Idriss Linge
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