(Agence Ecofin) - La hausse des revenus pour certains ménages ghanéens fait craindre une remontée des taux de progression de l'inflation, avec des conséquences sur la stabilité du cedis et le renforcement de l'épargne nationale. Le gouvernement a annoncé une hausse des salaires 12,5% pour les fonctionnaires avec effet dès janvier 2017.
Dans le même temps, le vice-ministre des finances, Cassiel Ato Forson, a indiqué récemment que les producteurs de cacao percevront 7600 cedis (1914 $) par tonne. Un prix qui fixe la valeur du sac de 64 kg à 475 cedis, ce qui représente une augmentation de 11,8% par rapport aux tarifs pratiqués lors de la saison précédente
Ces hausses de revenus ne sont pas du goût de la Banque centrale qui craint de voir plombés les progrès réalisés dans la maîtrise de l'inflation. Lorsque le 19 septembre 2016, il rendait public le communiqué de son comité de politique monétaire, Abdul Nashiru Issahaku, le gouverneur de l'institution, a indiqué qu'il fallait une politique budgétaire beaucoup plus cohérente pour maitriser la hausse des prix et redonner de la stabilité au cedis.
Les analystes font deux reproches à ces décisions de hausse. D’une part, ils estiment que cela va contraindre la Banque centrale à augmenter ses taux d’intervention, afin de préserver la stabilité de la monnaie. Dans un tel contexte, il sera difficile pour l’économie de dégager des surplus nécessaires aux investissements. D’autre part, une hausse des taux rendra plus difficile le recours au marché des prêts bancaire notamment pour le gouvernement qui risque une fois encore de les solliciter.
Mais le contexte politique semble s'être invité dans les débats. Le président John Dramani Mahama (photo) a annoncé officiellement sa candidature pour sa propre réélection en 2017. Officiellement, on se refuse à voir des objectifs électoraux dans ces décisions de hausse de revenus. Dans une lettre adressée au Fonds Monétaire International, le gouvernement explique que, malgré la hausse des salaires en 2015, leurs ratios au Produit Intérieur Brut et aux recettes globales ont reculé
Pour ce qui est de la hausse des prix du cacao, des observateurs estiment que le gouvernement ghanéen a voulu réagir face à la fuite frauduleuse des productions vers le marché ivoirien voisin. En raison de la chute du cédi contre le dollar, les producteurs ghanéens y trouvaient une meilleure rémunération. Le Ghana navigue depuis deux ans dans des eaux troubles, dans un contexte international marqué par le repli des prix du pétrole et des autres ressources minières.
Dans le même temps, le gouvernement reste sous la pression des besoins d’investissements dans les infrastructures sociales, tout en limitant le poids de la dette, notamment internationale. La question de la masse salariale devient d’autant plus importante que le gouvernement s’était engagé à restructurer le fichier solde de l’Etat. Un engagement qui tarde à se concrétiser et qui n’a été exécuté que partiellement.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.