(Agence Ecofin) - Le fonds d'investissement américain, Intangis Holdings a annoncé, le 30 juin, qu’il envisage d’engager des poursuites judiciaires contre l’Asset Management Corporation of Nigeria (Amcon), la structure de défaisance créée en 2010 en vue de traiter les créances douteuses des banques nigérianes, pour contester des « violations des règles de gouvernance et de transparence » caractérisant l’opération de cession d’Afribank- Mainstreet Bank.
Actionnaire d’Afribank, Intangis rappelle que Amcon avait « élargi en 2011 son mandat au détriment des exigences de transparence et de gouvernance indispensables dans le monde des affaires », en entrant au capital d’Afribank, avant de la liquider et de transférer tous ses actifs dans une nouvelle structure, Mainstreet Bank, qu'elle détient totalement.
« Nous pouvons parler d’OPA hostile de la part d’une structure qui était censée défendre Afribank, et qui a ainsi lésé tous les créanciers et actionnaires d’Afribank », précise Intangis dans une note explicative transmise à l’agence Ecofin.
Suite à cette opération, le fonds d’investissement américain, a saisi la Cour internationale d’arbitrage, le 29 avril 2011, qui a rendu une première décision favorable, en septembre 2013, estimant que Mainstreet Bank était partie au contrat entre Intangis Holdings et Afribank.
« Menacée par l’arbitrage de la Cour internationale de Paris et d’éventuelles poursuites en justice, Amcon cherche à liquider Mainstreet Bank, mais en omettant de faire provisionner certains passifs de la banques (estimés à 1,4 milliard de dollars) : une façon de rendre la mariée plus belle, mais au mépris de toutes les règles de transparence », précise Intangis dans sa note explicative. Et d’ajouter: « Intangis détenait des droits exclusifs sur Afribank et disposait d’une option pour devenir majoritaire. Avant la prise de possession par Amcon, Afribank c’était environ 2 milliards d’actifs et 3 milliards de total de bilan (2009) : le Top 10 des banques au Nigeria. Intangis a été en quelque sorte exproprié ».
Amcon avait annoncé récemment que la finalisation du processus de cession de Mainstreet Bank est fixée au 15 septembre 2014, indiquant que 25 candidats locaux et étrangers ont manifesté leur intérêt pour le rachat de la banque qui dispose de 9 filiales, 201 agences et 200 guichets automatiques de billets.
« Si Amcon parvenait à vendre Mainstreet Bank en organisant une telle opération et sans régulariser la présentation des comptes, nous serions face à un scandale de grande ampleur. Le groupe bancaire serait en péril, ses clients menacés et les actionnaires et créanciers historiques d’Afribank définitivement lésés. Intangis Holdings ne peut croire que les autorités nigérianes puissent tolérer des agissements en complète contradiction avec l’exigence de transparence et de bonne gouvernance », a déclaré Jean Missinhoun, associé senior d’Intangis Holdings.
Intangis estime, par ailleurs, que la cession de la banque serait « un très mauvais signal envoyé à la communauté internationale et aux milieux financiers ».
Intangis Holdings est une société financière d’investissement de droit américain créée en 2001 et spécialisée sur les marchés émergents. En Afrique, Intangis Holdings agit sur des projets à long terme et à fort potentiel. La société est intervenue sur plusieurs financements structurés privés ou publics en Afrique. Elle a aussi participé à la mise en place et à l’intégration du marché du financement structuré et de la titrisation dans l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) pour la mobilisation de l’épargne et l’accès aux ressources longues.
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