(Agence Ecofin) - On pourrait l’appeler le paradoxe algérien. Alors que le pays maghrébin connaît un déficit annuel de 1,5 milliard de litres lait, ce qui le pousse à investir massivement dans les importations de lait en poudre, la moitié des vaches laitières algériennes finissent à l’abattoir.
Walid Bouabdellah, vice-président de l’Organisation nationale de développement agricole (ONDA), qui confiait cette étonnante statistique à l’APS, a démonté pour le média la dynamique qui mène à cette étrange situation.
En premier lieu, explique-t-il, les coûts élevés de l’alimentation du bétail, renforcés par deux années consécutives de sécheresse, poussent les petits producteurs à parier sur la viande plutôt que sur le lait. « Ces pertes ont été notamment essuyées par de petits éleveurs, essentiellement des jeunes investisseurs des wilayas du nord du pays, qui n’ont pas assez de terres pour produire du fourrage », affirme-t-il.
Ensuite, les prix d’achat du lait qui tournent actuellement autour de 40 dinars le litre ne prennent pas en compte ces réalités. En effet, les éleveurs pensent qu’il faudrait que ce prix monte à 70 dinars environ pour leur permettre de s’en sortir. Enfin, le système lui-même est orienté en faveur d’un approvisionnement extérieur puisque le lait importé est subventionné à hauteur de 37 dinars le litre contre une prime de 12 dinars le litre pour l’éleveur algérien.
Insistant pour l’urgence d’inverser cette dynamique dans un contexte où l’Algérie a injecté 1,8 milliards de dollars dans ses importations de lait en poudre l’an dernier, le dirigeant a déclaré : « C’est dramatique de voir une race de vaches de renommée internationale, importées à raison de 300 000 dinars la tête, finir dans les abattoirs.»
Aaron Akinocho
Meknès, Maroc.