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Fin prochaine du charbon : tout va dépendre des banques et de la Chine

  • Date de création: 04 juin 2021 16:32

(Agence Ecofin) - Dans un nouveau rapport publié le 18 mai, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) préconise l’arrêt immédiat des investissements dans de nouveaux projets d’exploitation de combustibles fossiles, notamment le charbon. Une telle décision donnerait une chance à l’humanité de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Vu les immenses réserves de charbon encore inexploitées, la compétitivité de cette ressource et les besoins actuels en énergie dans le monde, il s’agit d’un véritable dilemme, autant pour les décideurs politiques que pour les producteurs et les consommateurs. Décryptage.

Droit dans le mur

Le rapport « spécial » de l’AIE dénonce l’immobilisme de la plupart des pollueurs mondiaux. Entre la rhétorique des discours promettant notamment des réductions importantes des émissions de gaz à effet de serre et les actes tangibles posés ces dernières années, il existe en effet un fossé que se refusent à combler les Etats, les compagnies extractives et les groupes industriels en tout genre. L’AIE note par exemple que le seuil du réchauffement climatique devrait remonter à 2,1 °C d’ici la fin du siècle, si les engagements déjà pris par les gouvernements sont tenus. Et si ces engagements ne sont pas tenus, le scénario sera d’autant plus catastrophique.

1charbon

Le charbon reste la première source d’électricité dans le monde avec une part de 36 %.

L’une des meilleures illustrations de cette contradiction manifeste entre les propos et les actions des décideurs mondiaux concerne l’exploitation du charbon. Selon des données de l’AIE datant de 2019, le charbon représente toujours la deuxième source d’énergie primaire dans le monde avec une part de 26 %, et la première source d’électricité avec une part de 36 %.

Le charbon est également la première source d’émissions de CO2 dans le secteur énergétique, dépassant régulièrement le pétrole et le gaz. C’est surtout 29 % des émissions totales de gaz à effet de serre et environ 44 % des émissions totales de CO2 d’origine humaine, d’après des données relayées par la banque BNP Paribas.

Le charbon est également la première source d’émissions de CO2 dans le secteur énergétique, dépassant régulièrement le pétrole et le gaz. C’est surtout 29 % des émissions totales de gaz à effet de serre et environ 44 % des émissions totales de CO2 d’origine humaine.

Intrinsèquement, le charbon émet 3,5 tonnes de CO2 par tonne d’énergie consommée, à en croire des données d’Enerdata relayées par Le Figaro. C’est 1,3 fois plus que le pétrole et jusqu’à 1,5 fois plus que le gaz. Après une chute globale des émissions l’année dernière en raison de la pandémie de Covid-19, l’AIE prévoit d’ailleurs un rebond avec 600 millions de tonnes d’émissions de CO2 liées au charbon, contre 300 millions en 2019. Il faut noter que cette statistique ne prend pas en compte les émissions liées à l’extraction initiale du charbon, un autre paramètre qui vient alourdir l’empreinte carbone de cette ressource.

Abandonner le charbon reste difficile

En dépit des protestations régulières des défenseurs de l’environnement et des chiffres alarmants sur l’impact de l’utilisation du charbon, le monde a toujours autant de mal à s’en séparer. Si l’arrêt global des activités industrielles a entrainé une baisse de la demande de charbon en 2020, elle repart déjà à la hausse cette année.

« Avant la pandémie, nous nous attendions à un léger rebond de la demande de charbon en 2020, mais nous avons depuis assisté à la plus forte baisse de la consommation de charbon depuis la Seconde Guerre mondiale », explique Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l’énergie et de la sécurité à l’AIE. Il précise néanmoins que le fort rebond économique en Chine au second semestre a contribué à limiter cette baisse qui aurait pu encore être plus importante.

C’est donc tout à fait normal que la reprise économique qui s’étend actuellement au reste du monde, soutienne la demande de charbon. À en croire les prévisions de l’AIE, elle devrait croitre de 4,5 % en 2021 et atteindre des niveaux supérieurs à ceux de 2019. D’ici 2025, la demande mondiale culminera à 7,4 milliards de tonnes, contre moins de 3,5 milliards en 2000 et 5,1 milliards en 2010.

D’ici 2025, la demande mondiale de charbon culminera à 7,4 milliards de tonnes, contre moins de 3,5 milliards en 2000 et 5,1 milliards en 2010.

Si les pays européens ont progressivement réduit leur dépendance au charbon, la consommation mondiale est soutenue depuis quelques années par l’Asie, avec en tête la Chine. Alors que l’empire du Milieu consommait moins d’un milliard de tonnes à la fin du siècle dernier, il en consomme près de 3 milliards de tonnes depuis une décennie sans qu’on note de signes d’essoufflement importants. Avec son industrie énergivore, Pékin est le plus grand producteur, consommateur et importateur mondial de charbon, représentant notamment plus de la moitié de la consommation mondiale actuellement.

Pékin est le plus grand producteur, consommateur et importateur mondial de charbon, représentant notamment plus de la moitié de la consommation mondiale actuellement.

Il faut dire que la Chine héberge 13 % des réserves mondiales prouvées, avec 139 milliards de tonnes, selon des données du géant BP datant de 2018. Pourquoi se priver de ces immenses ressources pour privilégier les énergies renouvelables qui nécessiteront des investissements beaucoup plus importants et sans rentabilité à court terme ?

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La Chine consomme 3 milliards de tonnes de charbon chaque année.

C’est la même question que se pose certainement l’Afrique du Sud, le pays le mieux doté du continent en termes de ressources en charbon. La nation arc-en-ciel exploite plusieurs centrales à charbon et ses problèmes énergétiques récurrents ne l’incitent pas à les fermer, bien au contraire. Anglo American, qui possède plusieurs mines de charbon en Afrique du Sud, a fait une annonce assez édifiante en avril dernier.

La holding britannique a en effet annoncé la création d’une nouvelle société pour gérer ses actifs de charbon. Thungela Resources sera cotée sur les bourses sud-africaines et Anglo American pourra bientôt dire qu’elle n’exploite plus directement de charbon.

Malgré les critiques des investisseurs et sans doute d’une partie de ses actionnaires, le géant minier s’est refusé à envisager la fin de l’exploitation du combustible, décidant plutôt d’en dissocier son image. La holding britannique cotée à Londres a en effet annoncé la création d’une nouvelle société pour gérer ses actifs de charbon. Thungela Resources sera cotée sur les bourses sud-africaines et Anglo American pourra bientôt dire qu’elle n’exploite plus directement de charbon.

Des motifs d’espoir malgré tout 

Si les données ne sont clairement pas en faveur d’une fin prochaine du charbon, il existe néanmoins deux voies principales qui peuvent permettre de réduire la consommation mondiale dans les années à venir : le financement et les décisions politiques. Pour ce dernier point, il semble difficile de croire à un scénario qui verrait les plus gros producteurs abandonner la manne financière que leur procure l’exploitation du charbon.

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Plusieurs grandes banques ont déjà décidé de se retirer du secteur.

Même problème avec les grands consommateurs qui ne disposent pas d’alternatives aussi efficaces et disponibles immédiatement. Les restrictions qui limiteront drastiquement la production ou la consommation mondiale pourraient donc se limiter aux discours. Des technologies plus efficaces d’exploitation sont certes à l’étude ou déjà implémentées, mais elles prendront du temps avant d’être généralisées (si elles le sont) et d’avoir un impact positif réel.

La voie la plus prometteuse reste donc de toucher aux portefeuilles des producteurs en les privant de fonds pour leurs investissements. Plusieurs banques utilisent déjà ce levier, à l’image de la sud-africaine Nedbank. Elle a ainsi annoncé qu’elle ne financerait plus de mines de charbon dès 2025. Le géant Goldman Sachs indiquait déjà en 2019 son intention de réduire son exposition au charbon, tout comme l’assureur français Axa qui s’est engagé à abandonner le charbon d’ici 2040. Si ces désistements se généralisent, alors le monde aura peut-être une chance d’en finir avec le charbon.

Emiliano Tossou

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05/10/2018 - Le charbon comme source d’électricité en Afrique : le grand dilemme


Emiliano Tossou
 
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