(Agence Ecofin) - « La Chine a une grande ambition sur les marchés des matières premières agricoles et le seul continent que le Chine peut « acheter » c’est l’Afrique car c’est le seul continent qui peut permettre à la Chine de se nourrir », a souligné hier François Luguenot, responsable de l’analyse des marchés chez InVivo et un des auteurs du rapport Cyclope 2013 présenté hier à la presse à Paris.
Toutefois, a-t-il mis en garde, « la démographie galopante, ce n’est pas en Asie mais en Afrique. Si la Chine veut développer sa production alimentaire en Afrique, il va y avoir un télescopage avec les besoins africains. »
Quant aux marchés de matières premières, que le rapport Cyclope passe en revue sur plus de 700 pages (http://www.cercle-cyclope.com), ils vont continuer de « tanguer » dans les mois qui viennent, victimes des chocs qui perdurent sur plusieurs marchés - agricoles en particulier - et des déficiences de la gouvernance mondiale, estime le professeur Philippe Chalmin qui coordonne le Rapport.
Pour 2013, deux incertitudes majeures vont guider l'évolution des prix : l'évolution de la croissance économique en Chine et le climat, dont les accidents en 2012 ont fait flamber les matières premières agricoles, grains et produits laitiers notamment. « La crise de 2008 n'est pas terminée et ce serait presque l'heure du châtiment pour les pays 'avancés' pour tant de carences de la gouvernance internationale, pour tant de lacunes aussi des systèmes politiques nationaux », estime le professeur. Néanmoins, il se dit résolument optimiste pour la croissance chinoise avec une prévision de l'ordre de 9% cette année, dans le haut de la fourchette des pronostics, « un rebond que l'on retrouverait dans les prix des matières premières les plus influencées par la Chine, comme le cuivre et surtout le minerai de fer », prévoit-il.
La situation la plus tendue restera en 2013 celles des grands marchés agricoles après, l'an dernier, les déboires des céréales d'hiver dans la région de la mer Noire, la plus grave sécheresse aux Etats-Unis depuis 24 ans qui a décimé la récolte de maïs, ou encore la sécheresse en Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial de produits laitiers, selon François Luguenot. « De nombreux pays sont sur le fil du rasoir en termes de stocks », a souligné Philippe Chalmin, qui prédit que les marchés vont surveiller avec attention la pluviométrie estivale dans les grandes plaines américaines.
Des outsiders comme le Brésil et l'Inde ont permis aux acheteurs de compenser une partie de leurs besoins mais l'Inde, exportateur occasionnel au cours de cette campagne de blé, pourrait se retirer avec la baisse attendue des prix si les bonnes prévisions actuelles de récolte mondiale devaient se confirmer, a souligné François Luguenot.
L'attitude de l'Egypte, premier acheteur mondial de blé aux prises avec une chute préoccupante de ses réserves de change, sera également déterminante. « Même s'ils (les Egyptiens) utilisent toute leur collecte locale qu'ils disent prometteuse, ils devront revenir aux achats à l'automne et alors leurs besoins seront considérables » a encore observé François Luguenot.
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.