(Agence Ecofin) - Alors qu’approche la COP26, les pays dont le secteur énergétique dépend beaucoup du charbon font face à des pressions de toute part pour accélérer la transition. Le cas de l’Afrique du Sud en particulier ne cesse d’animer les débats.
La question de l’abandon du charbon continue de diviser au sein des autorités sud-africaines. Fidèle depuis le début à sa position, le ministre des Mines et de l’Energie Gwede Mantashe (photo) en a remis une couche le jeudi 7 octobre en déclarant que le pays ne doit pas précipiter son passage aux énergies renouvelables.
« Je ne dis pas le charbon pour toujours […]. Je dis que nous devons gérer notre transition étape par étape plutôt que d’être émotif. Nous ne sommes pas une économie développée, nous ne disposons pas de toutes les sources alternatives », a déclaré le ministre en marge d’une conférence sur l’exploitation minière, en réponse à une question sur l’impact de la récente décision de la Chine d’arrêter le financement de nouvelles centrales au charbon à l’étranger.
Il a rappelé, selon les propos rapportés par Reuters, que la nation arc-en-ciel veut réduire à moins de 60 % d’ici 2030 la part du charbon dans son mix énergétique, tout en augmentant la part des énergies renouvelables. Toutefois, précise-t-il, la transition ne devra pas être brusque, au risque de vivre une crise énergétique comme celle actuelle en Chine.
Cette nouvelle sortie du ministre Mantashe ne manque toutefois pas de logique quand on sait que le charbon compte pour environ 80 % de la production d’électricité sud-africaine et que le pays doit faire face à des problèmes énergétiques chroniques. En octobre 2019, il déclarait déjà que le charbon ferait partie du mix énergétique de l’Afrique du Sud pour de nombreuses années encore, indiquant que le pays a 16 centrales électriques alimentées au charbon.
Alors que le lobbying pour l’abandon du charbon s’intensifie à l’approche de la COP26 (à Glasgow en novembre), il est difficile d’imaginer ce pourcentage baisser radicalement, ou du moins, sans un financement conséquent.
Pour rappel, fin septembre dernier, des représentants de quelques pays riches ont proposé d’injecter 5 milliards $ de financement (prêts et subventions) pour aider le pays à abandonner le charbon et un accord est prévu pour novembre à la COP26. Il faudra donc attendre quelques semaines pour en savoir plus sur la transition énergétique en Afrique du Sud et sur les potentiels nouveaux engagements du pays. Pour le moment, le pays est toujours le 12ème plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde.
Louis-Nino Kansoun
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