(Agence Ecofin) - La transition énergétique n’aura pas facilement raison du charbon. Principale source d’émission de CO2 dans le monde, le combustible fossile tel un phénix, continue de faire le dos rond, confirmant des prévisions de l’AIE selon lesquelles sa demande devrait même continuer par augmenter à court terme.
Le prix de la tonne de charbon au port de Newcastle en Australie, l’indice de référence, a augmenté de plus d’un tiers en janvier pour atteindre 262 dollars. Cette nouvelle flambée s’expliquerait par les craintes qu’un engagement militaire en Ukraine coupe les approvisionnements en gaz de la Russie dont dépend l’Europe à environ 35 %.
Alors que le vieux continent fait face depuis quelque temps à un risque de pénurie de gaz, les prix ont logiquement augmenté sur le marché. Les tensions entre la Russie et l’Ukraine n’ont fait qu’accentuer cette situation, ce qui a ramené à l’ordre du jour le charbon. Plusieurs centrales au charbon fermées sous la pression des militants écologiques ont été remises en service et les achats du combustible fossile s’intensifient en Europe depuis mi-2021.
L’autre principal facteur qui favorise la hausse des prix du charbon sur le marché est la décision prise début janvier par l’Indonésie (premier exportateur mondial de charbon) d’arrêter durant un mois ses exportations pour préserver son approvisionnement en électricité.
La dynamique actuelle du marché du charbon n’est pas sans rappeler une prédiction de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui indiquait que la demande mondiale de charbon devrait atteindre de « nouveaux sommets historiques » en 2022, 2023 et 2024. Dans son rapport « Coal 2021 » publié en décembre dernier, l’organisation avertissait déjà qu’en cas de forte hausse des besoins en électricité, les pays pourraient être obligés de revenir aux énergies fossiles.
Alors qu’en Afrique la question de l’abandon du charbon continue de susciter des débats, la situation qui prévaut actuellement en Europe apporte de l’eau au moulin de ceux qui comme le ministre sud-africain Gwede Mantashe militent pour une sortie douce du combustible fossile. Ce dernier a, en marge de plusieurs sorties officielles, défendu l’idée selon laquelle son pays ne doit pas précipiter son passage aux énergies renouvelables au risque de vivre une crise énergétique comme celle actuelle en Chine, mais tirer parti de toutes ses ressources y compris le charbon.
Louis-Nino Kansoun
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