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La rue de Yaoundé: «La vie n’est pas toujours facile mais, au moins, avec Biya, tu dors bien…»

  • Date de création: 27 septembre 2011 11:20

(Agence Ecofin) - Notre équipe s’est rendue à Yaoundé où elle a interrogé les gens dans la rue, les vrais gens qui parlent librement, à propos des prochaines élections présidentielles du Cameroun.

La parole à la population de la capitale.

Propos recueillis par Moussa Seye, photos de Yannick Coupannec

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Un autre ne fera pas mieux que lui

« Je préfère que notre président reste au pouvoir. Un autre ne fera pas mieux que lui. Si on change de dirigeant les choses vont encore être plus difficiles que maintenant ».

Béatrice, 30 ans, vendeuse de poissons au restaurant maison blanche de Yaoundé ;

 

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On a peur du changement

« Je me débrouille dans la capitale, j’ai deux enfants à charge à gérer toute seule. C’est difficile pour moi de joindre les deux bouts. Mais je pense que s’il y a la paix, l’emploi va suivre. Je soutiens le président en place parce que je ne veux pas de désordre dans mon pays. J’ai peur de celui qui pourrait lui succéder, même si tout n’est pas parfait actuellement. On a peur du changement. Cela peut-être un choc pour le pays. Je ne compte que sur mes enfants qui demain auront peut-être de bonnes situations ».

Viviane, 50 ans, vendeuse d’eau en sachets et de fruits

 

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Il n’y a pas de problèmes au Cameroun

« Je vote Biya. Il n’y a pas de problèmes au Cameroun et on n’en veut pas dans le pays. Ce qui compte pour nous c’est la liberté, on est libre de s’exprimer sur n’importe quel sujet, tout le monde est libre de dire ce qu’il veut, ce qu’il pense. On attend le jour J pour voter Biya. Le pays vit en paix, cela nous suffit.  On mange bien. La nourriture et la paix c’est le plus important pour nous ».

François, 29 ans, vendeur de maillots dans le centre de Yaoundé

 

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Avec lui, tu dors bien, on a la liberté

« La campagne est en elle-même une bonne chose parce qu’on s’intéresse de nouveau à la population, à certaines choses oubliées. On renouvelle des actions pour le pays. Les routes qui n’étaient pas goudronnées sont refaites. Pour le pays, il n’y a pas deux choix possibles. Le bon candidat c’est mon président et c’est un bon dirigeant. Avec lui on ne souffre pas, il n’y a pas de guerres, tu te couches, tu dors bien, on a la liberté. Et je ne suis pas convaincu qu’un autre pourrait nous garantir cela. Il y a des problèmes sérieux mais il faut qu’on se serre les coudes. On sort le matin pour aller travailler, essayer de gagner notre vie et personne ne nous arrête en route. Donc on dit déjà merci ! Ça n’est pas autant qu’on le souhaiterait mais on fait avec ce qu’il y a. On l’accepte ».

Sandrine, 25 ans, couturière

 

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Moi, j’ai décidé de ne plus jamais voter

« Ce qu’on veut chez nous, c’est uniquement la paix, même si on ne s’en sort pas, qu’on se débrouille à peine.  On n’a pas de guerres comme dans les autres pays. Mais dans notre gouvernement c’est toujours les mêmes personnes qui dirigent, ils échangent les postes entre eux, c’est toujours les mêmes, on enlève un ministre d’un poste pour lui en filer un autre derrière. Et c’est difficile d’avoir un financement pour son activité. Et le seul qu’on connait c’est Biya. Moi, j’ai décidé de ne plus jamais voter car qu’on vote ou pas, il est toujours président ».

Badorola, 23 ans, artisan vannier

 

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Le plus important

« Vous pouvez avoir tout, le ciel et la terre mais si vous ne vivez pas en paix, cela ne sert à rien ! Les élections vont bien se passer ! On est en paix, il y a la stabilité dans le pays, c’est le plus important ».

Roger, chauffeur d’autocar entre Yaoundé et la province

 

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Il y a la paix, mais pas de travail

« On veut la paix ! Et ensuite Biya. Même si on doit changer de président, on espère que le prochain sera convaincu par nous, les jeunes. On veut du travail. On a des diplômes et on reste chômeur au quartier. On manque aussi de moyens financiers. Par exemple en Guinée, les chômeurs ont leur salaire. Au Cameroun, il y a la paix mais pas de travail. Et on a oublié les jeunes du pays. Moi, j’ai suivi des cours dans un centre de formation en marketing. Le problème c’est qu’il n’y a pas de moyens pour nous au Cameroun. Mais je suis content de Biya, il nous protège énormément. C’est le père de la nation. Depuis qu’il est là on n’a pas d’ennuis, il n’y a pas de guerres, mais le problème c’est le manque d’argent à gagner pour nous ».

Abou, 21 ans, vendeur d’oreillers sur les routes de Yaoundé

 

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Les autres ne nous inspirent pas confiance

« Pour gouverner un pays, je pense que en tant que croyante protestante, il y a la main de Dieu qui intervient. Aujourd’hui, j’ai encore vu personne qui peut gouverner le Cameroun. La première des choses qu’on doit d’abord vouloir dans un pays, c’est la paix. Et au Cameroun il y a la paix. Après, si notre président décide de laisser la place, on ne peut que l’encourager. Mais ceux qui viendront après lui ne nous inspirent pas confiance, ils ne feront pas mieux, la situation se dégraderait encore plus avec un autre. Je suis consciente qu’il faut un changement quand même. En tant que femme je cherche à donner un avenir meilleur à nos enfants qui naîtront demain ».

Emerette, 27 ans, étudiante en 2e année de comptabilité et gestion d’entreprise, stagiaire chez Snob’s Bazar

 

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Il n’est plus très jeune et sa succession n’est pas bien préparée

« Je suis indifférent à la campagne parce que il n’y a pas un candidat qui sort du lot. Et c’est gagné d’avance, mon candidat qui est Biya a déjà gagné, il n’y a pas d’enjeu. Il est le choix du peuple comme s’est écrit sur toutes les affiches.  Je sais, c’est paradoxal de dire que c’est mon candidat alors que je ne suis pas un vrai partisan. Mais parmi ces challengers, personne ne peut faire mieux que lui. Aussi, il n’est plus très jeune et sa succession n’est pas bien préparée. Et travaillant dans un groupe pharmaceutique, je pense qu’il y a des choses à améliorer. Aujourd’hui, les pauvres n’arrivent pas à avoir un traitement surtout avec les meilleurs médicaments. Et je n’ai rien contre les médicaments génériques qui sont bon marché pour la population. Cela apporte une solution à bon nombre de problèmes. Certains pour un abcès vont aller à Paris se soigner, d’autres ici vont en mourir. Comme changement, il faudrait qu’il y ait un accès aux médicaments pour les pauvres ».

Célestin, 46 ans, délégué médical au laboratoire Pfizer

 

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L’instabilité, on n’en veut pas

« Depuis la montée du président Biya, nous n’avons jamais eu de problèmes ici. Nous sommes très satisfaits de lui. Qu’il gagne les élections. Ensuite, s’il doit céder sa place, c’est sa décision. Mais nous sommes tous derrière lui, on lui apporte notre soutien. Mais il est déjà très âgé et s’il ne peut pas terminer son septennat, il doit peut être guidé, choisir une personne à sa place. Ce que nous voulons c’est protéger le peuple, et avec Biya on est bien protégé. Rien que le fait qu’il continue, c’est une forme d’amélioration pour nous. Nous avons aussi peur qu’il y ait des attaques, de l’instabilité et on n’en veut pas ».

Léonard, 50 ans, vendeur de sandwichs dans une station-service de Yaoundé ;

 

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On veut que Biya reste, mais on veut aussi le changement

« On est en situation d’attente. Mais on veut que Biya reste parce qu’on est en paix avec lui au pouvoir. On ne peut pas faire autrement. Mais on veut aussi un changement, notamment dans mon métier on veut une évolution, de meilleures conditions ».

Tama, 23 ans, fleuriste

 

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Je suis père de trois enfants et je suis en colère

« Je suis père de trois enfants et je suis en colère car je suis un diplômé de l’enseignement supérieur. J’ai un bac + 2 en sciences naturelles et je ne trouve pas d’emploi correspondant à ma formation depuis 21 ans. Même trouver un emploi qui ne correspond pas à ma formation, c’est impossible ! J’ai une famille à nourrir. Il faut que ça change, pas nécessairement l’homme mais notre statut ».

Louis, 42 ans, vendeur de colas au marché Mokolo

 

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Du calme dans le pays

« Je ne voterai que pour celui qui apportera la paix et le développement de notre pays. Et pour moi le meilleur choix, c’est Biya. Je le soutiens parce qu’il y a du calme dans le pays. Et il a lancé le programme qui consiste au recrutement de 25 000 jeunes diplômés dans la fonction publique avec environ 10 000 candidats déjà retenus. Cela encourage la jeunesse à chercher de l’emploi ».

Carole, 22 ans, élève en Terminal au lycée de Mballa 2

 

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Les Chinois font du bien au pays

« Je souhaite que le meilleur gagne. Et le meilleur, c’est Biya. Il a toujours bien maintenu le pays. Mais au Cameroun, il y a plus de chômeurs que de travailleurs, il faut résoudre cela. Et par rapport au chômage, les Chinois font du bien au pays même si certains disent qu’ils n’emploient pas la main d’œuvre locale ».

Daniel, 37 ans, chômeur, ancien carreleur en bâtiment

 

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Certes on veut la paix, mais il faut que les choses changent !

« Le Cameroun ça ne va pas ! Il y a des ministres riches mais qui ne font rien pour leur région. Avant, j’étais commerçant mais le pouvoir nous a chassés de notre local ici derrière. On avait des comptoirs démontables dans ce bâtiment que vous voyez. On nous a fait croire à la reconstruction du bâtiment en 2008 afin de nous déloger  plus facilement en nous promettant qu’on allait changer nos conditions de travail. Avant, j’avais une place pour travailler, aujourd’hui mes clients m’ont abandonné et j’ai des problèmes pour payer la scolarité de mes enfants.  Les Chinois, avec eux, la vie est moins chère grâce à leurs produits. Mais ils n’emploient pas de Camerounais et quand ça arrive qu’ils le font, les salaires sont très bas. Une minorité de Camerounais sont privilégiés, il y a un petit nombre qui mange nos ressources pendant que les Camerounais souffrent.

Le président nous a tant promis. Certes on veut la paix, mais il faut que les choses changent ! Nos ministres ont des villas, des châteaux partout dans le monde. Nous, on veut de simples locaux pour travailler, il faut qu’on nous reloge.

Et en face, au Cameroun, il n’y a pas d’opposition, le président donne les moyens à l’opposition pour faire croire à l’opinion qu’il y en a une. Mais c’est la politique du ventre, ceux qu’on appelle les opposants servent leurs propres intérêts.  Il est bien vrai que Biya est le président de la paix mais cela ne suffit pas, il ne surveille pas assez les dirigeants qu’il choisit, il leur fait trop confiance.

Regardez, au Sénégal, Wade est très actif et présent. La paix ne suffit pas et la paix, c’est quand on est bien moralement, quand tu peux payer ton loyer, vivre correctement avec tes enfants. Mais je voterai pour Biya car il n’y a pas d’opposants crédibles. Tous les opposants sont derrière lui en réalité pour leurs propres intérêts, la politique du ventre ».

Simon, 37 ans, ancien commerçant délogé devant son local fermé

 

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Que le meilleur gagne mais qu’il tienne ses promesses !

« Nos attentes sont les promesses qu’on a entendues des différents candidats. Il faut qu’ils appliquent ce qu’ils disent, ce qu’ils proposent aux Camerounais. En tant que commerçant, il faut que l’économie marche, que les opérateurs économiques puissent travailler librement ainsi que les investisseurs. Ces élections sont une compétition et que le meilleur gagne. Et pour moi, c’est le pouvoir en place. Biya a pu mettre le Cameroun en paix durant des années. C’est important pour nous et c’est une priorité plus importante que l’économie ».

John, 60 ans, manager et propriétaire du commerce Snob’s Bazar à Yaoundé