Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève
logomenuagenceecofin

«Je dirais au contraire que c’est le peuple qui a une influence sur le roi»

  • Date de création: 04 octobre 2011 13:37

(Agence Ecofin) - Nous allons à la rencontre de sa Majesté, le Dr Honoré Djomo Kamga, roi des Bandjoun, dans son immense palais. La veille, le roi a participé au meeting du RDPC, à l’Hôtel de Ville de Bandjoun.
Avant l’entrevue, pour nous faire patienter, son assistant personnel nous fait  visiter le musée, situé dans le palace. Un musée rempli d’histoires et de pièces uniques résumant l’histoire du peuple Bandjoun et sa culture. Puis le roi nous reçoit.

Votre altesse, comment vivez-vous la campagne qui se déroule actuellement ?
Honoré Djomo Kamga : S’agissant d’un événement politique qui interpelle tous les citoyens, nous ne pouvons pas être indifférent, aussi bien pour  l’intérêt de la nation que pour l’intérêt de nos groupements. La mission principale d’un chef traditionnel est l’encadrement de ses administrés.

Comment voyez-vous votre rôle dans la république, sachant qu’au Cameroun dans les différentes chefferies, les rois ont une influence sur leurs peuples ?
HDK : Je dirais au contraire que c’est le peuple qui a une influence sur le roi, parce que le roi doit rester à l’écoute de son peuple. Toutefois un roi peut prendre telle ou telle position sans qu’elle soit forcément celle du peuple. Mais, la plupart du temps, le roi doit rester en harmonie avec son peuple. Il faut se concerter, analyser, discuter. Il y a des forums, des espaces réservés pour cette concertation.

A Foumban, la population est très attachée au Sultan et prête à voter pour son candidat, Biya. Est-ce le cas dans votre royaume ?
HDK : A Bandjoun, je vous disais tantôt que le roi de Bandjoun n’est pas indifférent à cet événement politique. Le roi suit et accompagne cette échéance politique. Comment ? Par des conseils responsables. Ce n’est pas la seule échéance électorale. Au-delà des élections du 9 octobre prochain, il y a encore d’autres échéances.
La vie démocratique est un apprentissage. Certains prennent la démocratie comme une nouvelle école qui serait importée. Mais dans nos organisations traditionnelles, il y a une place réservée à la notion de démocratie. C’est à dire l’expression libre. Mais pour d’autres, c’est une découverte.

Laissez-vous vraiment à votre peuple la liberté de choisir son président ?
HDK : Comprenez que le royaume est assez grand. Tout le peuple n’a pas la même vision. Les niveaux de culture, de compréhension, de capacité à discerner ne sont pas les mêmes. Le peuple n’est pas toujours apte à apprécier ces questions. Une part de la population est encore illettrée. Dans l’ignorance on ne peut rien faire. Cela dit, si on peut amener un peuple à discerner autant le faire pour éviter qu’il soit abandonné à lui-même. Si mes administrés me demandent de quel côté mon cœur va pencher pour cette élection présidentielle, je n’hésiterai pas à leur répondre, sans ambigüité.

Soutenez-vous le RDPC ?
HDK : J’ai des raisons profondes de sympathiser avec le RDPC. J’ai des raisons personnelles et profondes de soutenir le RDPC. Et l’opinion personnelle n’est pas contagieuse à ce que je sache...

Je vous pose cette question parce qu’en écoutant votre allocution, hier, au meeting du RDPC, elle m’a semblé différente des autres. Il y avait beaucoup de revendications dans votre discours.
HDK : Non, c’est une mauvaise perception de la chose. Nous sommes en campagne électorale et chaque candidat doit déployer toutes ses stratégies pour convaincre le citoyen. C’est le moment ou jamais de présenter ses doléances. Ce n’est pas une revendication en tant que telle.
Quand j’ai parlé, hier, du vieux problème de dédommagement des populations qui ont été déguerpies, ce n’était pas une revendication. C’est juste le moment opportun de le rappeler. Personne ne va pas le faire à ma place. C’est un dossier que je connais assez bien. Et ce n’est pas non plus toute la population qui va se soulever pour revendiquer cela.
Poser le problème de l’éducation, de la santé comme je l’ai fait hier est également une préoccupation. Il faut toujours le rappeler quelque soit le candidat. Car il faut que les candidats tiennent leurs promesses. Si j’ai beaucoup de sympathie pour le RDPC, c’est parce que lorsque le candidat RDPC promet, il s’engage. On doit être à l’écoute pas d’une seule personne, d’une seule voix mais à l’écoute de toute la population. Le roi n’est, après tout, que le porte-parole de ses administrés.
Donc mon discours, d’hier, n’est pas un chapelet de revendications ! Par exemple, le dossier des populations déguerpies est un vieux dossier que j’ai relancé plusieurs fois. Aujourd’hui, qu’on parle de revendication, non ! C’est un peu à tort. C’est parce que vous n’avez pas connaissance de ce qui s’est passé avant.
Ce n’est pas le chef de l’Etat qui traite les dossiers, ce sont ses ministres, ses collaborateurs à tous les niveaux. Il faut donc en n’importe quelle circonstance, en n’importe quel lieu, rappeler cela ! Pour ça je ne m’embarrasserai jamais.
Concernant l’institut universitaire Fotso Victor, je veux qu’il devienne une Université de l’Ouest. Il nous faut ce développement. J’anticipe. Pour avoir une université autonome, il va falloir mobiliser de gros moyens pour l’investissement et aussi former les enseignants pour l’encadrement. L’équipement, aussi, il faut l’avoir et ce n’est pas donné. Tôt ou tard, il faudra qu’il y ait des universités parce que la population camerounaise est en augmentation.
Et à l’IUT de Fotso Victor, à Bandjoun, il n’y a pas que les enfants de l’ouest. Il y a aussi des expatriés qui viennent du Tchad et du Centrafrique.

En tant que docteur en physique, quelle place accordez-vous à la formation ?
HDK : Il faut former. Donner des notions fondamentales. Je ne peux pas m’écarter de cette voie. Je ne peux pas faire autrement.

« Nous refusons d’être des spectateurs ou des admirateurs des grandes réalisations qui vont se déployer dans les autres départements. »

Le Roi Djomo Kamga a participé à un meeting du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) à l’hôtel de ville de Bandjoun le 28 septembre dernier.

Le richissime homme d’affaires, Fotso Victor, originaire de la région, était également présent au premier rang. Le roi, après avoir fait une analyse précise de la situation de son département, a mis en lumière les différents problèmes à résoudre dans sa région.

« La soirée du 9 octobre est réservée pour fêter la victoire du géniteur politique de notre département.
Notre département est le moins nanti en ressources naturelles. Il n’y a pas de forêts d’envergure à exploiter. Il n’y a pas de gisements miniers en exploitation ou en réserve. Il n’y a pas d’ouverture sur la mer. Les fils de Bandjoun  sont nombreux et dispersés dans le monde. Plus à la recherche des moyens de subsistance qu’à la recherche du bien-être ou du mieux-être. C’est parce qu’il n’y a rien pour les maintenir au terroir.

Les chefs traditionnels, dans leur réflexion et concertation, ont décidé d’accompagner le président Paul Biya dans la mise en œuvre de sa politique de grandes réalisations. Et non pas comme des spectateurs ou des téléspectateurs, mais comme de vrais acteurs de développement. Oui, les chefs traditionnels comptent sur leurs enfants, hommes et femmes, car leurs forces et leurs puissances reposent sur l’engagement et la disponibilité de leurs administrés.
Notre département regorge de jeunes bien formés qui méritent davantage la confiance des promoteurs des grandes réalisations. Nous savons qu’une grande entreprise pilotée par un grand entrepreneur a toujours besoin de grands ingénieurs. Il y va de sa réussite.

Nous vivons certaines lenteurs administratives que nos populations interprètent à raison comme un oubli ou une indifférence. Les populations déguerpies de l’axe Yaoundé Bafoussam et de l’ancien arrondissement de Bandjoun ne sont pas indemnisées jusqu’à aujourd’hui, voici 29 ans, depuis 1982 !  Pourtant, nous savons tous que la loi domaniale prescrit l’indemnisation des peuples déguerpis avant tout début de travaux. Nous prenons la responsabilité de prendre les devants pour dénoncer cette situation. Nos populations victimes attendent  impatiemment les décrets d’indemnisation et du paiement effectif du solde qui s’élève à 1 milliard et demi FCFA.

La préoccupation majeure de nos populations est le besoin en eau potable. Il y a un déficit criant d’eau potable. Cette misère se manifeste de manière récurrente par des fièvres et des maladies diarrhéiques. Des mesures d’urgence s’imposent.  Nous refusons d’être des spectateurs ou des admirateurs des grandes réalisations qui vont se déployer dans les autres départements.
Comme l’a recommandé le grand bâtisseur, le président Paul Biya, lors du 3e congrès du RDPC, nous osons rêver de l’industrialisation de notre département. Cela passera par la création d’une zone industrielle dans le département. Bien entendu à condition que l’Etat nous diligente de l’énergie électrique stable.

Notre industrialisation peut être tournée en grande partie vers l’industrie alimentaire ou, pourquoi pas, vers la production des engrais chimiques. La mécanisation de l’agriculture dans le département devra être une réalité et servir d’exemple pour soutenir l’impulsion donnée par le chef de l’Etat dans son discours pendant le comice agro pastoral d’Ebolowa.

Nous pouvons et nous osons compter sur les experts du Ministère de l’agriculture et du développement rural.

Nous osons aussi compter sur le Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation pour la mise à disposition des semences améliorées à haut rendement.

Sur le plan scolaire nous osons demander la construction des établissements de référence dans chacune de nos trois unités administratives. C’est-à-dire trois lycées techniques et trois lycées d’enseignement secondaires à l’instar des grands lycées du Cameroun comme le lycée Leclerc, le lycée technique de Douala ou le lycée de Bafoussam qui jadis constituait une  émulation pour les jeunes élèves.

Nous osons enfin souhaiter que l’institut universitaire Fotso Victor soit érigé en Université de technologie de l’Ouest. Persuadé qu’aucune université ne peut se développer en autarcie, cette mutation viendra consacrer le vœu ardent d’assurer un avenir meilleur à nos jeunes compatriotes.

Nos motivations sont réalistes et mesurées. Et notre voix est donnée par conséquent au candidat Paul Biya, seul gage du développement du Cameroun et pour que vive notre département. Vive la région de l’Ouest et vive le Cameroun. »