(Agence Ecofin) - Au terme de la journée d'activité boursière du jeudi 6 novembre 2014, la capitalisation boursière du Nigeria Stock Exchange, le marché financier nigérian, affichait 64,96 milliards $. Un chiffre qui s'inscrit en baisse de 22,89%, lorsqu'on le compare avec les 83,7 milliards $ de capitalisation que pesait ce marché le 3 juillet 2014 dernier.
Cette performance à elle seule seul laisse transparaître toute les difficultés que le marché financier de la première économie du continent africain éprouve à véritablement séduire les investisseurs. Le Nigeria n'est pas le seul à subir les conséquences de cette contreperformance.
Eu égard de son poids (56,8%) sur le Morgan Stanley International Capital International (MSCI) des marchés frontières (présentant un risque mais avec des perspectives de rentabilité) africains, la chute de la bourse de Lagos a entrainé avec elle celle de cet indice, qui a terminé la semaine s'achevant au 7 novembre sur une baisse de 4,5%.
L'annonce cette semaine de mauvais résultats de certaines entreprises comme Cadbury, PZ Cussons ou encore de Lafarge Africa ont fortement contribué à enfoncer un marché déjà plongé dans la morosité. Selon des données collectées par Ecofin, le secteur des banques (-16,5% au 31 août 2014) est celui qui affiche le plus gros recul. Il est suivi de celui des biens de consommation, qui a baissé de 16,1% pour la même période.
Les désinvestissements ont ainsi fait reculer de 11%, depuis le début de l'année, le NSE 30, l'indice des trente entreprises les plus performantes du marché financier nigérian. Quelques secteurs tiennent bon, comme celui du pétrole et du gaz, qui a gagné 22% depuis le début de l'année, soutenu certainement par l'afflux de nombreux investissements dans le secteur et la double introduction de Seplat.
Pour les experts, une analyse ultérieure des fondamentaux de l'économie de ce pays devrait permettre de mieux comprendre les dynamiques de recul qui ont frappé son marché financier.
Mais déjà on peut noter que l'environnement bancaire n'a pas été facile ces derniers temps. Les banques ont dû se mettre en accord avec la nouvelle règlementation concernant les ratios de fonds propres, mais avec aussi celle relative à la part d'argent public non exploitable logé dans leurs différents comptes.
Au plan socio-politique, la situation préélectorale et les situations d'insécurité associées dans la partie nord-est du pays, n'ont pas aidé de nombreuses entreprises de la cote, notamment du secteur de la grande distribution, qui ont vu leurs marges reculer et donc causer une vague d'inquiétude chez les investisseurs.
Un sentiment négatif qui a en premier frappé les investisseurs étrangers, dont le volume des transactions a fortement progressé, atteignant au 31 août 2014, la somme globale de 871 milliards de nairas 5,21 milliards $), sur un volume globale de 1,5 trillion de nairas, soit 57,4% des transactions opérées sur ce marché financier durant la période.
Les investisseurs étrangers se sont distingués par des ventes (désinvestissements), qui ont atteint un montant global sur la période de 482,1 milliards de nairas (2,8 milliards $). Un naira plus faible face au dollar US a fini de décourager les plus téméraires.
Pour les locaux, la situation était un peu plus complexe, dans la mesure où les défis de l'accès aux financements demeurent un problème réel. Les banques préfèrent conserver leurs avoirs à la Banque centrale et bénéficier des rémunération qui y sont associées. Les autorités nigérianes semblent résolues à trouver une solution au problème. La semaine qui s'achève, la Banque centrale a décidé qu’un seuil maximal de 7,5 milliards de dépôts effectués par les banques sera désormais rémunéré.
Idriss Linge
Nairobi, Kenya - Promoting sustainable economic growth through trade