(Agence Ecofin) - Trois ans après l’affaire Kerviel, du nom du trader qui a fait perdre plus 5 milliards d’euros à la Société Générale par des transactions spéculatives de 50 milliards d’euros, un nouveau scandale de fraude par abus de position, impliquant un jeune trader de 31 ans, vient de faire perdre selon les premières estimations 2 milliards $ (1,46 milliard d'euros, 1,3 milliard de livres) au géant européen de la gestion de fortune UBS.
D'après plusieurs sources, ce trader d’origine ghanéenne s'appelle Kweku Adoboli et était, jusqu’à son arrestation directeur en charge des fonds indiciels « exchange traded funds » au desk Delta One de l’activité banque d'investissement d'UBS à Londres, sous la responsabilité de John Hughes.
Il s’occupait plus spécifiquement de la vente des produits dérivés et synthétiques complexes aux principaux fournisseurs d’ETF. Avant d’occuper cette fonction il a exercé pendant des années au back office de la banque, ce qui lui aurait donné une bonne connaissance des failles des procédures de contrôle. Il est diplômé de l'Université de Nottingham et aurait rejoint UBS Londres en 2003 en tant que stagiaire.
D’après les analystes, l’origine de cette perte de 2 milliards $, qui équivaut à 4% des fonds propres d’UBS Group, semblerait due à une mauvaise couverture du risque de change franc suisse/euros (CHF/EUR) des ETF qu’aurait vendu Kweku Adoboli et qu’il a dissimulé à la banque en espérant que ses anticipations sur l’évolution de la paire de devise allait rejoindre le sens du marché. D’autres experts évoquent « un abus de position » sans plus de précision. Une dernière possibilité pourrait être la défaillance d’une contrepartie lorsque que le trader a eu recours des opérations de prêt-emprunt pour répliquer l’indice. L’enquête et les audits en cours permettront d’avoir plus d’informations sur la stratégie d’investissement du trader du desk Delta One et des failles du système de risk management d’UBS.
Cette affaire intervient alors qu’en juin dernier les responsables d’UBS Londres poussaient pour un développement commercial agressif sur les marchés des dérivés. « Nous voulons développer l’activité de produit dérivé synthétique, qui est étroitement lié à nos capacités d’exécution dans le prime brokerage, la gestion de trésorerie et la recherche » avait martelé Nick Rose, responsable de l’activité actions de la banque d’investissement.
Cet événement a fait l’effet d’un séisme dans le monde financier suisse et international et a entrainé une baisse hier de l’action UBS de 10,80% à la clôture de la bourse de Zurich à 9,75 francs suisses. Le titre a perdu 36,48% depuis le 1er janvier 2011.
Il s’agit d’un nouveau coup dur pour la banque aux trois clés qui a subi prés de 50 milliards $ de pertes liées à l’affaire Madoff, perdu la confiance de ses clients pour avoir communiqué au fisc américain des données sur 4450 clients et réglé une amende de 780 millions $ au USA...
Néanmoins UBS a tenu à préciser que « les fondamentaux de la banque ne sont pas touchés » par cette affaire, qui est une « nouvelle regrettable » mais les pressions des autorités de régulation suisse vont aller croissant pour une cession de l’activité d’investissement.
Communiqué d’Oswald Grübel aux employés d’UBS 15 septembre 2011 (source UBS)
Evolution du cours d’UBS AG en franc suisse
Profil de risque et structure de revenus et de coûts d’un ETF (source UBS)
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.