(Agence Ecofin) - Les grandes banques, qui espéraient limiter le pouvoir financier des négociants de matières premières, en sont pour leur frais. Selon le Financial Times, un rapport commandé par un puissant lobby bancaire, la Global Financial Markets Association (GFMA) a conclu que les négociants en matières premières posent moins de risques systémiques que les grandes banques. Les conclusions du rapport, réalisé par le très respecté spécialiste des matières premières à l'Université de Houston, Craig Pirrong, viennent en contradiction avec le souhait exprimé par le GFMA, l’organisme chargé de représenter les intérêts des plus grandes banques du monde.
Les grandes banques qui sont en concurrence directe avec les maisons de négoce des matières premières dans certaines aires géographiques espéraient utiliser ce rapport pour convaincre les régulateurs du système financier de soumettre leurs rivaux à des règles plus strictes en matière de divulgation de leurs informations financières et à des exigences en fonds propres. Bien qu’il ait discuté d’un projet de rapport sur les risques que présentent les groupes de négoce des matières premières avec les régulateurs du système financier, le lobby bancaire a décidé de ne pas publier ce rapport, souligne le Financial Times , citant des sources bien informées.
Le rapport intervient en plein de débat sur la régulation de l’activité du négoce des matières premières. Ce débat vise à savoir si les négociations des matières premières tels que Glencore, Vitol ou Cargill sont « too big to fail » (Trop grands pour faire faillite). Il s’agit d’un concept selon lequel, lorsqu’une entreprise devient trop importante et intégrée dans l'économie et le système financier, les décideurs politiques ne peuvent pas se permettre de la laisser s'effondrer.
Le GFMA, qui est présidé par Blythe Master (photo), chef de la division commodities chez JPMorgan, avait prévu d’utiliser les conclusions du rapport pour convaincre le Conseil de stabilité financière (FSB) et les régulateurs nationaux d’imposer aux négociants des matières premières des règlementations similaires à celles appliquées aux grandes banques.
Mais le rapport énonce clairement qu’ « il est peu probable qu'une grande perte subie par une société de négoce de matières premières constitue une menace pour le système financier dans son ensemble ». Il a joute que « la nature de l’activité du négoce de matières premières et la structure du capital des entreprises opérant dans ce secteur les rendent beaucoup plus résistantes à une crise que les importants établissements financiers comme les banques de Wall Street ou les grandes compagnies d'assurance ».
Le débat sur les risques que présentent les négociants de matières premières est notamment motivé par le boom des bénéfices de ce secteur. Les vingt plus gros négociants de matières premières au monde ont empoché près de 250 milliards de dollars au cours de la dernière décennie, devant les géants du secteur automobile (179 milliards d'euros sur la même période de 2003 à 2012 pour Toyota, Volkswagen, BMW, Renault et Ford) et bancaire (171 milliards d'euros pour JPMorgan, Goldman Sachs et Morgan Stanley), selon une récente enquête menée par le Financial Times.
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.