(Agence Ecofin) - La principale banque spécialisée dans l'octroi de prêts non sécurisés d’Afrique du sud, African Bank Investment Limited, a été placée sous curatelle dimanche 10 août 2014 par la banque centrale du pays (South Africa Reserve Bank). Dans le même temps la SARB a annoncé que Barclays Africa, Capitec, FirstRand, Investec, Nedbank, Standard Bank et la Public Investment Corporation, deuxième plus gros actionnaire d'ABIL ont accepté de d'injecter 10 milliards de rands (environ 1 milliard $) dans le cadre d'une augmentation de capital.
La charge de la curatelle a été confiée à Tom Winterboer (photo), un haut responsable de la branche Afrique de PricewaterhouseCoopers, de commun accord avec les responsables d'ABIL et le ministère sud-africain des finances. « Cette mise sous curatelle participe de la décision prise de trouver une solution permettant à African Bank de retrouver de meilleures perspectives », a expliqué Gill Marcus, le gouverneur de la SARB (Banque Centrale) précisant que la banque ouvrirait ses portes normalement ce lundi 11 août 2014.
Concrètement, la solution consiste en 2 temps. D'abord la Banque Centrale va racheter pour 7 milliards de rands (654,5 millions $) de créances douteuses au sein d'ABIL qui en compte 17 milliards de rands (1,6 milliard $). Mais prévient la Banque centrale, cette mesure ne signifie pas que la pression sera relâchée sur les débiteurs. Mieux la collecte des créances risque d'être renforcée. « Nous ferons en sorte que les remboursements de dette se poursuivent, pour éviter que la mesure (de rachat partielle de dette), ne pèse sur le contribuable », a fait savoir Gill Marcus. Dans un deuxième temps, c'est la « Bonne Banque » celle qui possède un carnet de prêts net de dépréciation de 26 milliards de rands (2,43 milliards $) qui sera recapitalisée.
Le gouverneur de la Banque Centrale a aussi reconnu que suffisamment de décisions n'avaient pas été prises ou alors mises efficacement en œuvre, face aux différentes alertes qui fusaient autour d'ABIL. « Parmi les mesures prises à prendre par la banque, il y avait un accroissement des provisions pour créances douteuses, l'augmentation de capital à hauteur 5,5 milliards de rands et la cession de sa filiale Ellerines. Avec un ratio d'adéquation de son capital de 32%, au-dessus du minimum requis, nous étions convaincus que l'augmentation de capital suffisait », a expliqué Madame Marcus, ajoutant que cette intervention de la Banque Centrale ne devrait pas constituer un chèque en blanc, autorisant les banques à agir de manière imprudente, en espérant un secours de l'ampleur obtenu par African Investment Bank.
Une autre préoccupation est celle de savoir ce qui adviendrait de la situation de la banque relativement à sa présence sur le Johannesburg Exchange, alors que de nombreux investisseurs, notamment ceux de Coronation Fund, le premier actionnaire avec 22,08% de participation globale et de plusieurs autres fonds d'investissements, se montrent concernés. Dans la position de la Banque Central sud-africaine, cette décision devra être prise conjointement par les responsables du JSE et le curateur. Au cours des discussions toutefois, il a été évoqué la possibilité d'introduire la « Bonne Banque » en bourse, et de racheter au juste prix les compagnies d'assurances faisant partie de ses différents portefeuilles. Le modèle d'affaire de la banque devrait aussi être revue, par contre rien n'a été dit sur ce qu'il adviendra de l'actionnariat, ni si une partie de l'injection de capital servira à régler la dette d'ABIL à l'égard de ses propres créanciers.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.