(Agence Ecofin) - Sur le continent africain, les importations de volaille permettent aux populations de disposer de produits à bas coût, mais affectent la compétitivité des filières locales. Les tensions fréquentes en Afrique du Sud illustrent bien la complexité de cette problématique.
En Afrique du Sud, la décision de la Commission de l’administration du commerce international (ITAC) de réduire les droits de douane respectivement de 30 % et de 25 % sur le poulet désossé et les morceaux de poulet non désossé continue de susciter la polémique.
Alors que d’après l’organisation, la mesure devrait permettre de satisfaire un déficit prévisionnel de 172 000 tonnes cette année sur le marché local, l’Association nationale de la volaille (SAPA) estime que cette disposition reste préjudiciable pour le secteur.
Si effectivement l’industrie locale a rencontré des défis importants liés à la grippe aviaire et aux perturbations électriques récurrentes, Izaak Breitenbach, directeur général de la SAPA indique que l’autorisation n’est pas nécessaire compte tenu des efforts déployés par les acteurs pour se remettre de cette situation.
En effet, explique le responsable, l’industrie n’a pas connu de crise d’approvisionnement vers la fin d’année pendant les périodes festives et affiche encore une forte résilience grâce aux investissements dans le cadre du Plan directeur pour le secteur de la volaille réalisés ces dernières années.
« Il est ironique que l’ITAC qui avait évalué l’impact négatif des importations à bas prix sur l’industrie locale approuve 65 permis valides entre janvier et avril pour permettre l’afflux de produits faisant l’objet d’un dumping », relève-t-il.
Selon M. Breitenbach, au lieu de favoriser des importations « qui feront plus de mal que de bien », les autorités devraient s’atteler à la compensation des producteurs qui n’ont pas encore reçu des dédommagements comme prévu dans la loi.
Il faut noter que conformément à la décision de l’ITAC, un volume de 43 000 tonnes de volaille devrait être importé chaque trimestre.
D’une manière globale, la concession tarifaire de l’institution envers les importateurs est à mettre dans un contexte où les consommateurs sud-africains font face à une hausse du coût de la vie. Le prix de la volaille non désossée a notamment grimpé de 28 % ces 3 dernières années, selon un rapport publié l’année dernière par la Commission de la concurrence sud-africaine.
De fait, il s’agit d’un dilemme pour les autorités africaines et pour un nombre croissant de gouvernements sur le continent qui bien que désireux de promouvoir le secteur local doivent aussi tenir compte du pouvoir d’achat limité d’une grande partie de la population pour laquelle la volaille est souvent la source de protéines animales la plus accessible.
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